Haro sur les alloc’


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19 février 2013

S’appauvrir ne rend pas plus intelligent. Dommage, car le QI de la planète progresserait aujourd’hui plus vite que son PIB. Mais s’appauvrir rend nécessairement plus parcimonieux. En termes de finances publiques, le syndrome de la bourse plate oblige à s’interroger sur les priorités d’un budget. Et tout particulièrement sur le bien-fondé de chacune des dépenses. Il était donc inévitable que la question des transferts remonte à la surface, ce cachalot des charges budgétaires qui témoigne de la politique sociale et familiale « à la française ». Un modèle longtemps cité en exemple bien que rarement imité ; un modèle désormais dénoncé comme le vestige honni de l’Etat-providence, cette faribole ringarde de temps où la croisade libérale avait encore mauvaise conscience. Quoi qu’on en pense, le système a jusqu’alors plutôt bien fonctionné. Mais dans la nouvelle étape du combat sauvage pour la « compétitivité » qu’impose le capitalisme de marché, les dépenses accessoires doivent être sacrifiées. Et la bonne conscience a été radiée de la cote, par pénurie d’acheteurs.

L’épisode présent aura au moins le mérite de dissocier, chez nous, ce qui relève de la politique « sociale » - du registre de la solidarité nationale – et de la politique « familiale » - du registre des ambitions natalistes. Lesquelles ne sont pas désuètes, même s’il n’est plus question aujourd’hui d’attribuer des allocations familiales afin de fabriquer des petits soldats : le renouvellement des générations est un véritable enjeu de société, indépendamment des préoccupations militaires. Ainsi donc le sort des alloc’ est-il suspendu au contenu d’une étude confiée à Fragonard, un artiste retraité de la Cour des comptes, chargé de brosser le tableau fidèle de la politique familiale, et de proposer une peinture plus moderne de son paysage. Qu’il nous soit permis ici d’apporter une touche rationnelle à l’œuvre en gestation : il faut supprimer complètement les allocations. Ainsi, seuls le ménages aisés pourront s’autoriser une progéniture, ce qui permettra d’éradiquer rapidement la pauvreté. Et donc les subventions qui lui sont destinées. Car il est une loi économico-démographique jamais démentie : les gosses de riches deviennent tous, ou presque, des citoyens prospères. CQFD.

La recette du jour

Alloc’ et marché privé

Pour être doré sur tranche, vous n’êtes pas moins soucieux des dégâts prévisibles de la fin de l’Etat-providence. Et de l’agonie probable des alloc’. Réagissez. Achetez leurs mouflets à vos voisins décavés. Ils auront tôt fait de claquer leur pécule, pour la plus grande prospérité de vos affaires. Et avec votre famille élargie, vous pourrez bâtir une dynastie.


Jean-Jacques Jugie