Prolifération du cochon


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28 février 2013

C’est de notoriété publique : on mange trop. Surtout vous, soit dit en passant : vous consommez en moyenne 70% de protéines animales de plus que vos besoins. Ça fait donc un paquet de steaks surnuméraires et de charcutaille superflue, et le phénomène explique sans doute pourquoi vos lasagnes et raviolis sont truffés au canasson. De tels excès ne sont pas seulement une préoccupation pour la santé publique dans les pays dits riches ; ils entraînent également des désordres environnementaux majeurs. Comme le rappelle un récent rapport sur les nutriments, rédigé à la demande du Programme des Nations unies pour l’environnement, 80% de la production agricole sont destinés à nourrir… les animaux qui finiront dans nos assiettes. Moyennant le recours massif à des engrais azotés et phosphatés qui s’accumulent dans l’environnement et empoisonnent les nappes phréatiques. Bref, ce n’est pas très malin.

Voilà pourquoi le rapporteur plaide pour l’émergence d’un nouveau consommateur raisonnable, qui diminuerait de moitié sa ration de bidoche. Ce qui permettrait accessoirement de se concentrer sur un élevage de qualité. La suggestion est assurément pertinente, sauf que la tendance observée est exactement contraire. Dès qu’ils ont « émergé », les nouveaux pays industriels se hâtent d’imiter, voire de dépasser, les mauvais modèles occidentaux. Voyez par exemple la Chine : le pays élève près de la moitié du cheptel porcin mondial, recensé à 476 millions de têtes. Et il lui faut quand même procéder à des importations massives. Dommage pour notre balance commerciale que le cochon littéraire ne soit pas exportable : nous sommes en ce moment en surproduction. Et il sera difficile de l’écouler auprès des gastronomes français, dont le palais est bien trop raffiné pour des nourritures aussi vulgaires.

La recette du jour

Protéines raisonnées

Vous êtes conscient de votre consommation excessive de protéines animales et donc des dommages que vous causez à votre corps et à l’environnement. Limitez-vous aux lasagnes et raviolis industriels : ces plats contiennent très peu de viande. Voire pas du tout. Si ça se trouve, le prétendu cheval est du carton bouilli. Bon appétit.


Jean-Jacques Jugie