Du gazole et des plumes


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5 mars 2013

Voilà enfin une bonne nouvelle : il est désormais possible d’améliorer en même temps la santé publique et celle du budget. Certes, la méthode est connue de longue date : par exemple, le tabagisme a été éradiqué par adjonction d’une forte dose d’imposition dans les clopes (80%). Il en résulte d’énormes économies de tabac, que l’on peut ainsi servir en fourrage aux chevaux à lasagnes. Tout bénef. L’alcoolisme a été vaincu par le même moyen : les poivrots sont maintenant condamnés à boire la taxe. On s’étonne, du reste, que notre surproduction de gnôle ne serve pas à faire biberonner les bagnoles : la combustion d’alcool éthylique est raisonnablement énergétique, produit peu de CO2, quasiment pas de fumée et à peine quelques particules totalement inoffensives. Bref, ce serait totalement écolo de rouler au marc de Bourgogne et au calva de Normandie. Qui en brûlant dégagent un parfum autrement plus sympathique que le pestilentiel gazole.

Venons-en donc au fait. Les statistiques sont formelles : le gazole automobile produirait plus de dégâts sur la santé publique que la cirrhose du foie. Tout particulièrement dans notre pays, où les constructeurs se sont depuis longtemps spécialisés dans le moteur diesel, réputé plus sobre que son frère à essence. Heureusement, le Gouvernement veille au grain. Et s’apprête à renchérir le fuel qui bénéficiait jusqu’alors d’un traitement fiscal privilégié et manifestement immérité. Pour quelque 7 milliards de rentrées supplémentaires, ce serait dommage de se priver d’une mesure de salubrité publique. Peut-être nos fabricants de diesel ont-ils peur d’y laisser des plumes ; on leur suggère d’adapter leurs moteurs à l’alcool de menthe, qui favorise l’haleine fraîche des échappements automobiles. Et puisque Matignon tient le bon filon pour rétablir la santé du pays, on lui propose de mettre en place un nouveau dispositif dès aujourd’hui : la taxe de cortège. Un simple euro symbolique à acquitter par tout manifestant. Le produit permettrait de couvrir les frais de voierie et, accessoirement, de mettre enfin d’accord les syndicats et la police dans le comptage des manifestants.

La recette du jour

Economies durables

Vous avez largement profité de la fiscalité favorable sur le gazole. Bien vu, mais la fête est finie. Il vous faut désormais sacrifier votre équipement ménager au mazout. Renoncez à l’aspirateur diesel pour le modèle éolien ; optez pour le grille-pain solaire et le fourneau à chaleur humaine. C’est inefficace, mais ça ne coûte rien.


Jean-Jacques Jugie