Retraite à la teutonne


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12 mars 2013

Ah, la démographie ! Voilà une discipline extrêmement utile pour prédire l’avenir, bien plus efficace que les prophéties de Nostradamus pour la marche du monde, ou celles de Saint-Malachie pour les fumées vaticanes. On se souvient d’avoir rencontré le plus éminent représentant de la discipline, Alfred Sauvy, peu avant sa disparition : il demeurait stupéfait par la négligence coupable des autorités publiques face aux informations précieuses que délivrent les statistiques démographiques, et continuait de pourfendre les tenants de la dénatalité et du « partage du travail » - il fut toute sa vie un adversaire acharné de « la semaine de 40 heures », qu’il considérait comme un contre-sens désastreux. Autant dire qu’il ne fut pas consulté pour les grandes lois sociales de l’ère mitterrandienne… En tout cas, la pensée de Sauvy, considérée aujourd’hui comme « réac’ », conserve une brûlante actualité : par les interrogations présentes sur l’avenir de la politique familiale et par les effets mécaniques de la pyramide des âges sur l’équilibre de la société.

Notre pays s’inquiète légitimement des conséquences du baby boom de l’après-guerre, bien que pas mal d’entre elles fussent prévisibles dès après la naissance des bambins désormais sexagénaires. Mais pour être préoccupante, notre situation est moins alarmante que celle de notre voisin d’outre-Rhin. Car le maintien d’une politique familiale généreuse – désormais mise en cause - a au moins permis de maintenir chez nous un taux de natalité suffisant pour assurer peu ou prou le renouvellement des générations. Et ainsi éviter le vieillissement brutal qu’est en train de subir l’Allemagne. Bien que prospère, ce pays va être inéluctablement confronté aux effets dévastateurs d’une natalité parcimonieuse pendant des décennies, tant dans la partie occidentale que dans l’Est réunifié. Il en résulte que déjà se repose la question de l’âge légal de la retraite. Récemment relevé de 65 à 67 ans (par étapes progressives), il est maintenant question de le porter à 69 ans – et encore les pensions seront-elles fortement érodées, alors que les cotisations sont promises à l’explosion. Voilà de quoi nuancer la position de certain syndicat français, qui réclamait récemment encore la préretraite à 55 ans…

La recette du jour

Investissement familial

La France n’a pas de pétrole, plus beaucoup d’industries et apparemment trop peu d’idées novatrices. Mais elle a des enfants. Profitez de vos RTT pour élargir le cercle familial. Les mouflets vous en feront baver pendant au moins vingt ans. Mais au-delà, ils iront boulotter la cagnotte teutonne pour payer votre retraite.


Jean-Jacques Jugie