Franciscus vobiscum


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14 mars 2013

Faute de petite souris espionne à la Chapelle Sixtine, nul ne connaîtra jamais le cheminement du conclave pour aboutir à l’élection du prélat argentin. Mais sans être spécialiste des subtilités vaticanes, difficilement accessibles au commun des mortels, il faut se rendre à l’évidence que ce choix marque une rupture avec le scénario ordinaire, où les autorités de l’Eglise s’employaient à protéger une rassurante continuité du pouvoir, au risque d’être considérées comme résolument réactionnaires.

Au cas d’espèce, reconnaissance est faite d’une réalité démographique : les adeptes du catholicisme romain sont désormais plus nombreux aux Amériques que dans la vieille Europe, et leur communauté y prospère quand chez nous elle s’étiole. Ce qui n’empêche pas une surreprésentation des Italiens, notamment à la Curie, dont la conduite des affaires a semble-t-il soulevé de plus en plus de critiques – pour rester charitable dans l’appréciation. Ce nouveau pontificat pourrait ainsi inaugurer des sévères remaniements dans le gouvernement de l’Eglise.

En se baptisant Franciscus, le Pape, issu de l’ordre des Jésuites, revendique la filiation spirituelle avec François d’Assise, apôtre de la pauvreté. Ravivant ainsi le souvenir des très vieilles querelles au sein de la Chrétienté, celles que nos contemporains ont pu découvrir ou redécouvrir grâce au succès planétaire du Nom de la Rose d’Umberto Eco. Ce qui ramène aux préoccupations très actuelles, et pas seulement dans le monde religieux, relatives à la richesse, son usage et sa répartition, et d’une façon générale la question toujours épineuse de la propriété. Autant dire que les temps à venir pourraient faire surgir de Rome des tempêtes théologiques, dont les observateurs du Vatican ont depuis longtemps décelé les prémisses et prédit qu’elles pourraient susciter des tentations schismatiques. Ce 266ème pontificat promet ainsi d’échapper à la routine d’un long fleuve tranquille. Et l’élection de François offre aux Argentins un réconfort inespéré en cette période douloureuse pour leur amour-propre : si les habitants des Malouines ont plébiscité leur attachement à la perfide Albion, le conclave a consacré l’un des leurs à la conduite de la Chrétienté. Les Anglais n’ont qu’à bien se tenir, s’ils ne veulent pas se faire excommunier.

La recette du jour

François et les indulgences

Vous constatez de jour en jour l’avancée de votre appauvrissement. Ne maudissez pas pour autant François de France, pour sa possible responsabilité dans votre impécuniosité. Réjouissez-vous au contraire d’être en phase avec les préceptes de François de Rome, qui commandent de sacrifier les biens terrestres au salut de l’âme.


Jean-Jacques Jugie