Hélicos contre quinoa


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15 mars 2013

Ouf ! Les affaires reprennent. Celles de notre pays, s’entend. Non, désolé, pas sur le secteur automobile : apparemment, tout le monde continue de préférer les bagnoles allemandes. Pourquoi ? Eh bien, il paraît que nos voisins, eux, les équiperaient d’un vrai moteur. Mais la fierté nationale nous interdit de les imiter. Voilà pourquoi on continue de fabriquer des VéloSolex à quatre roues, que seuls les Roumains nous achètent depuis qu’ils ne peuvent plus circuler à cheval. Perseverare diabolicum, dirait le Pape François. En revanche, nous avons déployé une expertise authentique dans les engins volants. Nos Rafale, par exemple, sont de vrais bijoux dans la catégorie des avions de combat. Si personne ne les achète, c’est à cause de la pression formidable des Américains qui protègent la naissance hypothétique de leur F-35 – un chasseur magique multifonctions, plus complet qu’un robot ménager, mais qui ne sait toujours pas voler après des décennies de développement. Et dont le programme finira par être abandonné, quand Lockheed Martin aura usé les nerfs et les finances de l’Etat fédéral. Vous verrez : on le dit sans ironie, le Rafale connaîtra un jour la gloire qu’il mérite.

En attendant, notre Président se décarcasse dans son rôle institutionnel de VRP de l’industrie nationale. Le Chef d’Etat bolivien l’ayant honoré de sa visite, en dépit des commentaires peu amènes que se sont autorisés nombre de politiques français lors du décès de Chavez – un vieux pote d’Evo Morales -, il apparaît donc que la Bolivie serait très intéressée par les hélicoptères d’EADS, parfaitement adaptés à la lutte que mène l’armée contre la production de coca, souvent planquée dans les hauteurs andines. Notre pays pourra donc s’honorer d’aider un pays progressiste à éradiquer cette cochonnerie de coca et à la remplacer par la culture très tendance du quinoa, dont le cours explose sous l’effet de la boulimie écolo des nations occidentales. Lesquelles ont découvert les qualités nutritionnelles de cette graine, très riche en protéines, que les Incas connaissent depuis des millénaires. Au point que l’ONU a déclaré 2013 « Année internationale du quinoa ». Une précision s’impose : la farine de quinoa se mange ; elle ne se sniffe pas. Et elle ne provoque pas d’hallucinations. Sauf intestinales, quelquefois – comme le vol en hélicoptère.

La recette du jour

Cultures tendance

Vous vous êtes enrichi dans le commerce de la cocaïne, mais le métier n’est plus ce qu’il était. Echangez votre hélicoptère contre des pieds de quinoa. Et plantez-les en altitude, au milieu de vos champs de cannabis. Vous offrirez ainsi un menu complet à la clientèle grandissante des bobos qui rêvent de s’andiniser.


Jean-Jacques Jugie