La terreur des eurobactéries


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4 avril 2013

Nous voilà confrontés à un nouveau sujet de terreur populaire. Après l’invasion des OGM, le bricolage du calendrier maya, le réchauffement climatique qui provoque un accroissement indésirable de la banquise en Antarctique et un refroidissement du printemps en Europe – va comprendre, Charles -, après la prolifération des algues marines et des lasagnes hippiques, voilà que se met à enfler la hantise de l’argent sale. Non, pas celui que d’honorables citoyens vont pasteuriser dans les paradis de la lessiveuse. On veut parler ici des billets de banque que chacun utilise en toute transparence fiscale, après les avoir extraits du distributeur ad hoc ou au guichet de sa banque préférée. Eh bien, figurez-vous que vous frôlez la mort chaque fois que vous sortez un biffeton de votre portefeuille, sans avoir pris la précaution d’enfiler les gants, le masque et la combinaison stériles du chirurgien.

Tel est le constat qui résulte d’une étude commanditée par Mastercard – un organisme international probablement en charge de la santé publique. Au travers du sondage préliminaire réalisé auprès des usagers ordinaires de monnaie fiduciaire, il apparaît que le pékin est largement conscient des risques qu’il encourt à manipuler des billets de banque. Et les analyses réalisées par des laboratoires anglais – experts en argent sale – viennent confirmer ces appréhensions : un billet d’euro abriterait une population de 11.000 bactéries, beaucoup moins, toutefois, que ceux des « autres monnaies européennes » qui en logeraient 26.000. La manipulation de l’euro est ainsi moins périlleuse que celle du litas lituanien ou de la livre anglaise – ce que chacun sait intuitivement. Ainsi donc, un billet de 50 euros contient une centaine de bactéries au cm2 sur chacune de ses faces : faut-il paniquer ? C’est à-peu-près la quantité que tout individu promène au bout de son nez, en dépit d’une toilette soigneuse. Sachant que chez un maniaque de la douche à répétition, les aisselles – pour rester pudique – sont peuplées de plus d’un million de bactéries au cm2, les billets passent plutôt pour des modèles de propreté. On attend avec impatience une étude circonstanciée sur la population bactérienne d’une carte de crédit. Avant que les services de l’hygiène ne débarquent dans les laboratoires bancaires : ils ne devraient pas être déçus du voyage.

La recette du jour

Hygiène bancaire

Vous êtes sensibilisé au développement de l’économie de services. Proposez à vos concitoyens de leur épargner une pandémie en les délestant gratuitement de leurs billets de banque. Ils vous en seront reconnaissants. Avec vos énormes profits, rachetez une banque chypriote : vous pourrez siphonner le reste des économies des déposants.


Jean-Jacques Jugie