Expo : MiróMatisse, comme une évidence...


Culture


2 septembre 2024

Cet événement niçois permet de constater à quels points les routes des deux artistes furent proches

La fondation Joan Miró à Barcelone et le musée Matisse à Nice se sont associés pour présenter cet été à Cimiez une exposition majeure consacrée aux rapports entre les œuvres des deux peintres.

Si Miró se réfère à Klee, si ses amitiés dans le milieu surréaliste sont nombreuses, elles ne l’ont pas pour autant influencé dans son œuvre. L’artiste catalan ne suit aucun mot d’ordre. Ses relations avec Henri Matisse sont amicales et teintées d’une admiration réciproque, une amitié qui se perpétue jusqu’à la fin de leurs vies, mais elles ne changeront en rien la direction de ses expériences poétiques et picturales.
Aucune rivalité, donc, ni imitation. Mais deux conceptions de l’art différentes, reliées par une semblable volonté de dépassement : attrait pour le subconscient dans un esprit enfantin caractérisé par une violence déconstructiviste pour l’un (Miró), contre l’esthétique élégante et décorative, mais chez qui on dirait que les sujets importent peu, pour l’autre (Matisse).

Parallèles

Le musée de Cimiez expose en miroir les deux créateurs pour révéler cette improbable amitié, faite de rapports profonds, durables et constructifs. Il propose un parcours construit sur une base biographique. Avec Joan Miró (1893 – 1983), il faut se figurer un jeune peintre (vingt ans les séparent) capable d’apporter une influence stimulante à un artiste déjà consacré. Le Catalan a douze ans seulement quand Matisse (1869 – 1954) est révélé aux critiques lors du scandale de « La cage aux fauves » au salon d’automne de Paris en 1905. Il faudra attendre 1920 pour qu’ils soient accrochés ensemble.
Cet événement niçois permet de constater à quels points les routes des deux artistes furent de proches parallèles. Bien sûr, comme dans la géométrie, elles ne se croisent jamais. Il y a pourtant un « cousinage » évident, et les spectateurs prendront plaisir à comparer les toiles, les dessins et autres travaux représentant les mêmes thèmes. La sensibilité est identique, mais les palettes diffèrent davantage que les traits, et finalement la proximité artistique des deux peintres paraît une évidence. Pas étonnant que Matisse a un jour confié à Aragon que Miró était l’un de ses artistes préférés.

L’exposition MiróMatisse est à voir jusqu’au 29 septembre.


Marie Lesimple