À une époque où les femmes restaient encore le plus souvent cantonnées dans l’ombre, elle fut l’une des premières à briser le plafond de verre dans le monde artistique pour trouver sa place aux côtés de ses collègues Manet (son beau-frère), Degas, Renoir, Monet, célébrée pour son talent et sa créativité.
Cette exposition fait partie des événements organisés à l’occasion des 150 ans de ce mouvement qui, par son audace, allait modifier le « regard » du public sur la peinture, sortie de l’académisme et du pompier alors en vogue au XIXe siècle, pour s’intéresser aux « impressions » laissées sur la toile par les coups de brosse, la lumière, sans souci d’un réalisme figuratif mais s’adressant plutôt aux sens.
À côté des œuvres de Berthe Morisot, les visiteurs retrouveront aussi sur les cimaises du musée niçois des peintures de Claude Monet et d’Auguste Renoir qui étaient présents sur la Riviera à la même époque.
L’exposition intègre notamment Les Villas à Bordighera (1884, musée d’Orsay).De novembre 1881 au mois de mars suivant, la peintre se trouve à Nice à l’hôtel d’Angleterre puis au Richemont avec son époux Eugène Manet et leur fille Julie, 3 ans.
Exotisme
Si, Parisienne venue des ‘brumes’, elle est séduite par la lumière et la douceur de vivre sur la Côte d’Azur, elle profite de ce séjour pour beaucoup travailler. Elle réalise de nombreux croquis sur le sujet, comme cette délicieuse aquarelle sur papier « La plage de Nice » avec les bains Georges, le treuil de halage des pêcheurs, mais sans s’encombrer du chantier de construction du Casino Promenade qui se trouve pourtant dans son champ de vision. Elle travaillera dans les jardins - si exotiques pour elle avec ces agrumes - de la villa Arnulphy au quartier de Saint Sylvestre, prétexte à des études du vert profond, jaune, rose, de l’ocre des couleurs méditerranéennes.
Elle réalisa des portraits de sa fille, des autoportraits, une vue du port Lympia depuis une embarcation, des scènes de vie (cueillette des oranges à Cimiez). Infatigable.
Sept ans plus tard, retour à Nice pour un nouvel hiver enchanteur. Elle y réalise encore de nombreuses oeuvres dont une vue nocturne du yacht « Namouna » au mouillage dans l’avant port, pavoisé de lumières électriques (une nouveauté à l’époque !) pour la venue de Sa Majesté Carnaval dix-septième du nom. Ou encore des vues de la terrasse de la librairie Visconti, des peintures du jardin de la villa Ratti. Sa fille Julie montre également à cette occasion un joli talent lors de ce séjour azuréen. Berthe Morisot va ensuite (re)travailler dans son atelier parisien sur les motifs dessinés ou peints sur la Riviera.
Le musée d’Orsay, le Palazzo Ducale de Gênes, le musée Marmottan Monet, le Palais princier de Monaco et la famille de l’artiste ont fourni avec des collectionneurs privés l’essentiel de la soixantaine d’oeuvres présentées pour cet anniversaire, ainsi que des institutions publiques étrangères (Stockholm, Kansas City).
La scénographie de l’exposition a été conçue par l’architecte Anne Gratadour et réalisée par les ateliers de l’Opéra pour mettre en évidence les liens qui unissent Berthe Morisot à la Riviera.
Jean-Michel CHEVALIER
À découvrir jusqu’au dimanche 29 septembre 2024
Jean-Michel Chevalier