L’Elysée se décave


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3 mai 2013

Quel est le train de vie de l’Elysée ? La question s’est déjà posée dans le passé récent et la Cour des comptes a suivi de près les dépenses domestiques du précédent occupant des lieux, alors soupçonné d’entretenir un faste louis-quatorzième, bien que la crise eût déjà frappé, obligeant les Parisiens à remplacer le pain par de la brioche. Les commentateurs sans-culotte avaient relevé que le budget élyséen surpassait largement celui de la Reine d’Angleterre, croyant ainsi administrer la preuve que le Président avait rétabli la pompe du Roi Soleil. Mais Elisabeth ne gouverne pas le Royaume, ceci dit sans vouloir offenser Sa Très Gracieuse Majesté. Etablir un tel parallèle revient à comparer l’intendance de l’Archevêque de Cantorbéry à celle du Pape de Rome. Ridicule. Quoi qu’il en soit, force est de reconnaître que l’on ne mégote pas sur le train de maison, en dépit des engagements réitérés à la parcimonie.

Laissons de côté l’armée de salariés qui œuvre dans la fourmilière, pour s’attacher aux seules « dépenses de bouche », ce poste budgétaire qui révéla en son temps l’appétit gargantuesque d’un certain maire de Paris. Sur la base des données de l’exercice 2011, le self-service dédié au personnel produit un plateau-repas qui revient à 20€ l’unité, ce qui doit garantir un déjeuner très convenable. Et le budget de la présidence – réceptions et repas de travail – s’élève à un peu plus de 4 millions au seul titre de l’achat des denrées. On comprend pourquoi le Président en exercice s’est soumis à un régime draconien avant d’entrer en fonctions. Le budget en cause comprend évidemment le poste des vins et liqueurs, qui doit être substantiel même si l’on imagine mal les éminences étrangères venir se caraméliser chez nous au Lafite 61. En tout cas, on sait désormais que la cave de l’Elysée comporte 12.000 bouteilles. C’est nettement plus que la vôtre, mais beaucoup moins que celle de La Tour d’Argent (400.000) ou celle, magnifique, de l’Hôtel de Paris à Monaco (350.000, dont une large part de très grands crus). Bref, venons-en au fait : l’Elysée va revendre aux enchères 10% des vieux flacons de sa cave et les remplacer par des crus plus jeunes et plus roturiers. Le profit espéré sera généreusement reversé au budget de l’Etat. Voilà pourquoi Standard & Poor’s envisage de relever la note de la France. C’est sympa.

La recette du jour

Gestion de la cave

Vous êtes attentif au renouvellement de votre cave, mais excédé par les nouveaux riches asiatiques qui rendent les grands crus inaccessibles. Sifflez consciencieusement vos flacons prestigieux et remplacez-les par des vins espagnols et portugais (en ce moment soldés). Ce sont vos héritiers qui les boiront. De toute façon, ils n’y connaissent rien.


Jean-Jacques Jugie