FAMM, je vous aime...

Visitant Mougins, chacun est forcément passé devant le musée d’Art Classique, transformé en FAMM (Femmes Artistes du Musée de Mougins). L’amateur d’art y est forcément entré, il a été forcément séduit par l’importance des collections présentées... Cet espace vient d’opérer une spectaculaire mutation à laquelle, comme femme curieuse d’art, on ne pouvait rester insensible.

Depuis cet été, les quatre étages de ce bâtiment dans le vieux village sont entièrement dédiés aux femmes artistes. Et pas des moindres, puisque son créateur Christian Levett a choisi de dévoiler ici une partie de sa collection. Dès l’entrée, la première œuvre exposée résonne particulièrement puisqu’il s’agit d’une toile de Berthe Morisot. On parle beaucoup en ce moment de cette peintre à l’occasion des 150 ans du mouvement impressionniste dont elle fut dès l’origine l’une des grandes figures, et le musée des Beaux-Arts de Nice vient justement de lui consacrer une exposition qui s’achève à la fin du mois

Une collection exceptionnelle

Penser qu’un particulier puisse ouvrir un musée dans lequel il offre à la vue du public des œuvres de grandes artistes comme Léonor Fini, Joan Mitchell, Louise Bourgeois, Niki de Saint Phalle ou encore Frida Kahlo tient, à nos yeux, d’une sorte de miracle. Christian Levett est un ancien trader et il a ainsi eu les moyens - et le goût - de composer une collection exceptionnelle, hors de portée de l’amateur ordinaire et même… des grands musées. On pourrait l’imaginer sous les traits d’un vieil antiquaire à barbiche, mais c’est un homme à l’allure moderne et sportive, avenant, « qui-a-su-rester-très-simple ».
Il achète des œuvres d’art depuis trente ans. Cela lui paraît naturel de reconnaître qu’il en détient beaucoup plus que celles qu’il présente au public à Mougins ou dans une villa à Florence, dont une collection de dessins qu’il ne montre à personne. Pour lui, il était naturel de créer le premier musée au monde entièrement dédié aux femmes, et cela à Mougins où il a choisi de s’installer une partie du temps.
Ses choix de collectionneur sont érudits. Réparant une injustice historique, il déniche des œuvres de femmes artistes restées injustement dans l’ombre, comme Lee Krasner qui était l’épouse de Jackson Pollock, ou Françoise Gilot, la compagne de Picasso. À la suite de ses recherches, il a pu constater les défis auxquels elles durent faire face pour s’imposer malgré l’évidence de leur talent.
S’il fallait faire une critique à ce FAMM, ce serait qu’il mérite d’être encore plus spacieux pour donner toute leur mesure à ses chefs-d’œuvre, mais cela sonne aussi comme un compliment...