Humour et productivité


Blog


13 mai 2013

Vous l’ignoriez sans doute, mais diriger une grande entreprise rend facétieux. En témoigne la dernière sortie publique de Richard Branson, l’imprévisible patron du groupe Virgin et accessoirement propriétaire d’une écurie de Formule 1, tout comme son concurrent malaisien Tony Fernandes, lui aussi propriétaire d’une compagnie aérienne. Les deux compères avaient parié sur le résultat d’un Grand prix opposant leurs deux écuries : le perdant officierait sur un vol de la compagnie concurrente, attifé en hôtesse de l’air. Hahahaha ! Comment, vous ne trouvez pas ça drôle ? C’est que vous ne suivez pas les émissions de divertissement des télévisions britanniques, qui sont concoctées, comme le célèbre christmas pudding, au gras de rognons. Heureusement pour Branson, son rôle de servant s’est interrompu à l’atterrissage. S’il avait dû se poursuivre pendant toute sa carrière, l’affaire aurait été moins désopilante. Pour Richard, s’entend. Mais la tentation de la blague de potache s’étend à la gent politique hexagonale : un ministre fraîchement déchu pour fourberie fiscale, et ainsi banni du Parlement, vient de tenter son come-back sur un marché aux légumes du Lot-et-Garonne. C’était sans doute une plaisanterie d’initiés : personne ne s’est marré.

Pour autant, l’humour est bien un facteur de productivité. En dépit de son ridicule, la sortie de Branson lui a valu une campagne de pub gratuite sur tous les médias du monde. Et l’esprit boute-en-train serait un facteur de réussite professionnelle, si l’on en croit la rubrique spécialisée du Soir. Pour réussir sa carrière, il est utile de collectionner les blagues Carambar. Voilà sans doute un conseil avisé que devraient méditer les ouvriers de l’industrie textile au Bangladesh. Pour pouvoir s’effondrer de rire quand une usine leur tombe sur la cafetière : c’est une bonne plaisanterie de l’architecte. A moins qu’il ne faille imputer la fragilité des immeubles à la modicité des salaires du bâtiment : avec moins de 40 dollars par mois, on ne doit pas rigoler tous les jours.

La recette du jour

L’humour au travail

Lecteur régulier de la presse belge, vous êtes convaincu de l’importance de l’humour pour votre carrière professionnelle. De l’humour contemporain, s’entend, avec rires préenregistrés. Pointez-vous au travail en tenue de strip-teaseuse et balancez des boules puantes dans le bureau de vos collègues. Si votre patron est cool, il vous garantira une carrière complète de chômeur.


Jean-Jacques Jugie