Ne pas s’étrangler avec sa propre ceinture


Politique


11 octobre 2024

Le problème avec les impôts, qu’ils soient nouveaux ou majorés, c’est l’effet cliquet...

Michel Barnier a le dos au mur. L’état calamiteux des finances le prive de toute liberté. Il est obligé aujourd’hui de faire ce que ses prédécesseurs ont toujours reporté : des économies et une hausse des impôts pour que notre pays ne plonge pas davantage dans la dette et le déclassement.
Il se dit prêt à assumer une forte impopularité : il risque d’être servi.
Dans leur sagesse supposée, et sûrement par de mesquins calculs, les partis politiques semblent ne pas vouloir faire capoter le gouvernement. Du moins pas tout de suite. Ce serait rajouter de la crise à la crise, et les Français ont bien compris qu’ils sont au bord du précipice et n’ont aucune envie de plonger comme jadis la Grèce.
Il leur faut donc faire des efforts, et tout de suite. 60 milliards, pour limiter le déficit à 5 % l’an prochain, ne se trouvent pas sous les pas d’un cheval. Michel Barnier devra veiller à ne pas tomber dans une cure d’austérité qui plomberait la croissance et le PIB et ferait remonter le chômage. Car annuler des dépenses, c’est aussi limiter le travail donné aux entreprises. Et soutirer davantage d’impôts, c’est aussi limiter la consommation et l’activité économique, donc réduire les rentrées de taxes à commencer par la TVA. Le chef du gouvernement est dans la position d’un équilibriste sur un fil tendu prêt à se rompre...
Face au casse-tête de la loi de finances qu’il aborde sans la moindre marge de manœuvre, le Premier ministre a multiplié les informations parcellaires sur les économies et les nouveaux impôts. Ce « noyage » du poisson permettra, peut-être, de mieux faire passer la pilule au goût amer que nous devrons avaler. Les députés de LR, qui claironnent leur refus de toute augmentation des prélèvements, risquent de devoir manger leur chapeau.
Y a-t-il d’autres choix ? Non, et tout le monde le sait bien derrière les postures et les arrière-pensées, à commencer par le RN qui a entrepris sa campagne électorale « permanente » en attendant de dégainer une motion de censure au moment qu’il jugera opportun.
Le ministre de la Justice, Didier Migaud, renâcle déjà d’une enveloppe sans doute allégée par rapport aux engagements pris par son prédécesseur et va « se battre » pour sauver à ses yeux l’essentiel, les créations de postes de magistrats et de greffiers. Devant la commission des Lois de l’Assemblée nationale, il a jugé que le budget consacré à son domaine n’est «  pas satisfaisant  ».
Étonnant tout de même de constater que la critique vient aussi de l’intérieur du gouvernement. Le problème avec les impôts, qu’ils soient nouveaux ou majorés, c’est l’effet cliquet. Présentés comme temporaires, pour un an ou deux, afin de réajuster des comptes déficitaires depuis un demi-siècle, le risque de provisoire qui dure n’est évidemment pas à écarter. De combien de crans faudra-t-il se resserrer la ceinture et pour combien de temps sont des questions encore sans réponses.
Jean-Michel CHEVALIER


Jean-Michel Chevalier