L’Avenir de l’eau en méditerranée : vision prospective du plan Bleu


Actualités


28 décembre 2009

En méditerranée, à horizon 2050, 290 millions d’habitants souffriront d’une pénurie d’eau. Dès lors, comment assurer dans un contexte d’incertitude et de risque, d’insuffisance et d’inégale répartition géographique une gestion durable des ressources hydriques, l’accès à l’eau potable pour tous et un comportement économe en eau des usagers ? Après avoir dressé un bilan de la situation et une cartographie des ressources exploitables, le Plan Bleu nous dévoile la future Stratégie pour l’eau en Méditerranée élaborée pour répondre à ces trois défis majeurs.

Le réchauffement incontestable global de la planète et l’influence des activités humaines sur son évolution affectent le rythme des changements climatiques et conséquence directe : le régime des eaux, leur disponibilité, leur qualité et leur stockage soumis aux variabilités inter-saisonnières. Dans les pays du pourtour méditerranéen, les pays de la rive sud ne reçoivent aujourd’hui que 10% du total des précipitations. 66% de la production d’eau sont issus de prélèvements d’eaux fossiles et 34% de surexploitation de ressources renouvelables, l’agriculture, première consommatrice d’eau, prélevant 82% des volumes sur les rives Sud et Est du bassin méditerranéen où se concentrent l’essentiel de la population et 300 millions de touristes chaque année.
Le Plan Bleu, Centre d’Activités Régionales du Plan d’Action pour la Méditerranée (PAM), a tenté d’évaluer l’ampleur des pertes et des « mauvais usages » de l’eau dans chaque secteur et d’estimer les pertes récupérables par sous-région du bassin méditerranéen.(tableau 1)
Dans cette perspective optimiste et supposée généralisée à tous les pays, cette économie non négligeable doit être renforcée pour être efficace par un large éventail de dispositifs financiers (subventions, tarification..) et techniques (réhabilitation des réseaux de transports d’eau, détection des fuites..) mis en œuvre par l’Union pour la Méditerranée (UpM) afin d’optimiser l’allocation des ressources disponibles. Un programme de coopération régionale ambitieux freiné par de nombreux obstacles de nature diverse…

Gaëlle Thivet

Entretien avec Gaëlle Thivet, chargée de mission Eau au Plan Bleu

Quelles sont les difficultés rencontrées actuellement par les pays du bassin méditerranéen pour gérer leurs ressources en eau ?


Dans les pays méditerranéens, les ressources en eau sont limitées et très inégalement réparties. Les Objectifs du Millénaire pour le développement en matière d’accès à l’eau potable et à l’assainissement ne sont pas encore atteints puisque respectivement vingt millions et quarante sept millions de méditerranéens n’ont, aujourd’hui, pas accès à ces services, notamment dans les pays du Sud et de l’Est. Les rendements d’utilisation des eaux, malgré quelques progrès encourageants, sont loin d’être satisfaisants. Pertes, fuites de transport et gaspillages sont estimés à environ 40% de la demande totale en eau. Compte tenu de l’accroissement démographique, des changements climatiques, des mutations économiques et sociales à venir, la demande en eau va inévitablement croître et le risque de manque d’eau ne peut plus être écarté.

A travers la Stratégie Méditerranéenne de Développement Durable (SMDD) adoptée par les pays riverains en 2005, quels axes prioritaires sont envisagés pour gérer durablement les ressources hydriques et assurer l’accès à l’eau potable aux populations non desservies ?
La gestion intégrée des ressources et demandes en eau est le premier domaine d’action de la SMDD, stratégie cadre vouée à inspirer l’élaboration de stratégies nationales de développement durable. Les axes prioritaires sont le renforcement des politiques de gestion de la demande en eau, la gestion intégrée des bassins hydrographiques, l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le développement en matière d’accès à l’eau potable et à l’assainissement, et la promotion de la participation, des partenariats et de la coopération pour une gestion durable de l’eau. Concernant par exemple l’amélioration de la gestion de la demande en eau, l’objectif est l’économie d’un quart des demandes en eau à l’horizon 2025, soit une quarantaine de km3/an pour une demande totale de 245 km3 /an. La future Stratégie pour l’eau en Méditerranée, élaborée dans le cadre de l’Union pour la Méditerranée et mettant l’accent sur la gestion de la demande en eau et l’adaptation au changement climatique, ainsi que sur la gouvernance et le financement de l’eau, contribuera à relever ces défis.


Dominique Thibault