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Actualité Littéraire avec la librairie Quartier Latin

  • Par Pimpin --
  • le 28 juin 2012

"Pimpin" a aimé cette semaine : La pensée de Dieu.

Dieu ne joue pas aux dés…

… disait Einstein. Cela pouvait avoir l’air
d’une boutade, mais c’était une pensée profonde,
un postulat philosophique, quelque
part une reconnaissance de la nécessité
mathématique dans ce bas monde – et une
reconnaissance implicite du principe divin
par ailleurs. Le hasard et la nécessité, le
mystère des origines, voilà sans doute le
plus ample terrain de jeu des philosophes,
et nous sommes, à ce stade, tous philosophes,
n’est-ce pas ?

C’est ce que semblent penser Igor et Grischka
Bogdanov, qui, non contents du succès
et des polémiques soulevées par leur dernier
opus « le visage de Dieu » remettent le
couvert avec un titre et une couverture fort
voisine.

On peut discuter longuement des diplômes
et de la reconnaissance scientifique due aux
deux bonhommes : il reste qu’ils sont d’excellents
vulgarisateurs et s’ils voulaient bien
s’en tenir là, ils n’auraient sans doute pas
enflammé des débats que l’humanité devrait
savoir sans fin.

Ce sont cette fois les mystérieuses manifestations
des lois de la physique que nos deux
bougres ont convoquées pour un discours
pour le moins distrayant sur la beauté du
monde, revenant évidemment et inévitablement
à la question de l’Origine. Enigmes
pour l’entendement humain, paradoxes et
extrapolations, expériences extravagantes
et interpellantes, , les Bogdanov savent
donner aux problèmes les plus pointus des
mathématiques modernes une expression
populaire, ou l’approximation côtoie parfois
le contre-sens, mais qui ont pour le moins le
mérite d’ouvrir nos petits esprits farcis de
certitudes à une vision différente.

On passe du coq à l’âne, du mystère de pi
(3,1416…) aux théorèmes de Ramanujan,
des flocons de neige au big bang – point
n’est besoin ici de pousser l’analyse et l’endroit
n’est pas celui d’un débat philosophique.
Ce qui reste, c’est, quoiqu’on pense
des thèses qui sont à peine esquissées, une
prodigieuse provocation de la pensée…

Distrayant donc, mais au sens profond. Porter
son regard dans différentes directions à
la fois. Admettre la part d’illusion nécessairement
présente dans notre perception du
monde. Comparer des visions et n’en rejeter
aucune. Voilà le voyage auquel nous
convient les frères Bogdanov, et si, à la
fin du livre ou n’est adepte d’aucune thèse
nouvelle, on aura quand-même fait un extraordinaire
voyage. Ecrit dans un langage
accessible, proche du thriller, ce livre est un
contre-pied à la pédagogie qui se prend au
sérieux. Il n’invoque pas de certitudes mais
provoque des dizaines de réflexions. Non,
vous n’en saurez pas beaucoup plus sur les
trous noirs et l’antimatière. Mais vous aurez
fait promener votre esprit là ou les scientifiques
trouvent la béatitude. Gageons que le
prochain tome s’appellera « le sourire de
Dieu »…

La pensée de Dieu, essai, 350p, Igor et Grischka
Bogdanov, Grasset, 19 €

Visuel : Grischka et Igor Bogdanov au stand Quartier Latin du Salon
du livre de Nice © DR

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