Nice : Le musée Chagall

Nice : Le musée Chagall enrichit sa collection

Le volume des œuvres produites par Marc Chagall est considérable et ses héritiers ne sont pas encore parvenus à élaborer un catalogue raisonné. Elles sont dispersées partout dans le monde, dans les musées ou à l’abri des collections privées. Mais ces œuvres d’art, comme les électrons libres, circulent et traversent les frontières bien plus librement que les hommes. Il convient donc pour un musée de toujours avoir un œil sur le marché !

Si conserver, restaurer, étudier et enrichir leurs collections sont leurs quatre vocations principales, cette dernière tâche concernant Chagall est acrobatique : les prix astronomiques de ses œuvres constituent un obstacle de taille à l’acquisition des peintures d’un des plus célèbres peintres du XXe.
Le musée niçois, qui surveille en permanence les ventes, vient d’acquérir quatre œuvres d’exception. Elles deviennent par là-même des biens culturels immuablement attachés à ce musée et offertes au regard de tous.

Influence mexicaine

Le violoneux - encre de Chine et crayon gras sur papier 44.8 x 29 cm.
Exécuté en 1957 - Marc Chagall ©Musée Chagall Nice

Ces quatre acquisitions, exceptionnelles par leur rareté, sont accrochées dès maintenant aux cimaises et viennent enrichir un fonds approchant mille pièces, ce qui en fait une des collections publiques des œuvres de Chagall la plus importante au monde.
Le « Cavalier mexicain en rouge et son cheval violet », par exemple, complète la collection américaine du musée. Le travail de Chagall n’est pas uniquement centré sur les œuvres bibliques, il a aimé travailler sur des thèmes en lien avec les arts du spectacle comme c’est le cas pour ce cavalier.
Entre 1941 et 1948 il se trouvait en exil aux États-Unis. À cette époque, il réalise de nombreux projets pour des ballets, notamment les décors et costumes d’Aleko, un opéra de Sergueï Rachmaninov, puis de l’Oiseau de feu. Arrivé à Mexico un mois avant la première d’Aleko, il s’éprend du pays et de la gentillesse de ses habitants, s’imprègne des couleurs chatoyantes et de la culture rodéo du Mexique, restituant ses impressions dans de nombreuses esquisses, et poursuivant l’année suivante son travail dans de singulières gouaches exprimant sa sympathie pour ce pays et ses habitants.

La « Descente de Croix sur fond bleu », une encre sur papier, dénonce le martyr du peuple juif, le bleu ayant pour Chagall une valeur symbolique forte. « Le Violoneux », une encre de chine et crayon gras sur papier, fait partie de la période vençoise de l’artiste. Le thème de la musique ayant toujours été prégnant dans son œuvre. Le « Char d’Elie », maquette de la mosaïque créée dans le musée même en 1971, exécutée par Lino Mélano, était une réponse à une commande de l’État lors de la création du musée national de Nice, le premier à être dédié à un artiste vivant. C’était, pour Chagall, une nouvelle forme d’expression expérimentée après qu’il était tombé en arrêt en 1954 devant les mosaïques byzantines de Ravenne.

À ces quatre œuvres répondent un nouvel accrochage présentant les thèmes de la musique, du cirque de la représentation du Christ ou des prophètes. Une promesse de magie.

Visuel de une (détail) : Le Char d’Elie, maquette d’une mosaïque créée à Nice en 1971. ©Musée Chagall Nice

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