Robert Forte : Objectif

Robert Forte : Objectif nature !

La galerie du Musée de la photographie Charles Nègre à Nice présente régulièrement le travail de photographes locaux. Celui de Robert Forte a de quoi alléger notre état mental, comme il a amélioré celui de cet arpenteur de montagnes et de forêts primaires.

S’il affiche aujourd’hui une belle santé, un sourire lumineux et une sérénité enviable, c’est parce qu’après un grave accident de moto qui l’avait laissé pour mort, il a résolument tourné la page et a trouvé un nouveau terrain de jeu en altitude. Malgré un handicap de taille, son bras gauche étant désormais inutilisable, le Niçois a embrassé la carrière de photographe animalier et de paysages.

Une philosophie de vie toute simple, désormais gravée dans la pierre des montagnes ou dans le bois de ces mélèzes, résumée en une maxime : «  ne pas bouder la chance, que nous partageons tous de vivre à Nice, mer et montagnes à notre portée, et profiter chaque jour de la sérénité que la biodiversité est susceptible d’apporter à l’âme  ».

Patience et longueur de temps...

La petite chouette de Tengmalm ©Robert Forte

Voilà un homme qui, le matin, se baigne sur la Promenade, même quand le thermomètre affiche des températures hivernales. Ensuite, sa journée se poursuit en montagne dans le Mercantour. Muni de son appareil, Robert piste le lièvre variable. C’est son obsession du moment, la neige est tombée c’est l’occasion de réaliser des clichés. Un jeu de piste, un casse-tête pour comprendre le réseau inextricable formé par les traces de cet animal furtif, et finir par capter l’image de la boule de poils blancs se mouvant sur fond neigeux. Les biorythmes de ce grand discret sont l’inverse des nôtres, on le rencontre à 3 000 mètres d’altitude, son pelage change de couleur selon la saison. Il se terre le jour et ne sort que la nuit, où à la rigueur au petit matin. Le photographe doit donc aménager un affût, de préférence constitué de matériaux trouvés sur place, et attendre, dans l’espoir de tomber sur les rares moments où il est possible de surprendre ce petit mammifère.

Ambiances éphémères

Dans la galerie du musée, nous avons sous les yeux des clichés qui dédommagent de la patience et de l’énergie dont Robert fait preuve. Les précieuses rencontres avec le fameux lièvre variable et la blanche hermine sont fixées dans son objectif 70/200. On verra d’incroyables photos de gypaètes barbus, de circaète Jean-le-Blanc, de Tichodrome échelette, l’oiseau papillon, et du magnifique et si rare tétras-lyre. Robert Forte explique que la chevêchette d’Europe n’est pas si farouche à approcher et que la chouette de Tengmalm est facilement repérable dans sa loge creusée par le pic noir, pour peu que l’on se lève tôt ou que l’on passe la nuit en montagne à surprendre le chant du mâle en période de reproduction.
Une fois que les diverses techniques d’approche sont bien comprises, le reste n’est plus qu’un jeu.
Le plus difficile, ce dont Robert est particulièrement fier, c’est de saisir avec son appareil plein format les ambiances éphémères que produisent la lumière et les diverses variations atmosphériques sur des angles inédits en haute montagne.

Visuel de Une DR M.L

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