Roubaud : Dans ses (...)

Roubaud : Dans ses petits papiers

Noir c’est noir. L’art à Nice passe d’abord par les galeries qui font bien leur travail en réhabilitant et défendant le noir de crayon, de plume, de pinceau et de poudre graphite, le noir de clair-obscur, le noir qui raconte, qui cite, qui détourne, qui détonne, et qui questionne...

Après le Suquet des Artistes à Cannes, Jean-Philippe Roubaud présente maintenant à l’« Espace à vendre » de la rue Assalit son exposition intitulée « Didascalie 7, Palais obscur ». Il reconnait déployer une intense activité artistique, en plus des cours prodigués à la Villa Thiole. Le voici donc revenu chez lui, dans ce lieu niçois qui défend et réhabilite le dessin dans ses formes très diverses.

Tours de passe-passe

Aucune limite, ni de support, ni de format, chez Jean-Philippe Roubaud. Le dessin est panoramique ou minuscule, fresque à l’italienne, et trompe-l’oeil. Au crayon, pinceau et graphite, rien d’autre. À partir de ces outils précieux et élémentaires, il procède soit à la manière minutieuse du dessin classique, soit par « enlèvement » quand il réactualise le clair-obscur au moyen de la graphite, dans un dialogue avec l’architecture, la sculpture, la photographie ou les corps. Il interroge avec érudition le rôle du dessin dans un esprit qui renoue avec l’art de la renaissance.
Il faut y regarder à deux fois pour comprendre les tours de passe-passe de Jean-Philippe Roubaud. Illusionniste de la mise en abîme, il joue ironiquement du trompe-l’oeil dans les drapés, les fausses vignettes, les fausses photographies, les faux papiers collés au faux scotch. Tout aussi virtuoses sont ses vanités, tulipes et crânes humains. Sa technique est bluffante, bien sûr, mais pas pour nous abuser trop longtemps.

La galerie « Espace à Vendre » donne carte blanche à ses artistes. Ils ont même le droit de dessiner ou de peindre directement sur les murs des œuvres appelées à disparaître pour laisser place à de prochaines réalisations.
Roubaud y expose en compagnie d’une autre artiste, Eglé Vismanté, qui montre une grande variété de dessins aussi étranges que beaux et traumatisants. Ces projections de son esprit reprennent la formule magique « Mutabor  » apparue au XIXe siècle dans les contes européens qui signifie « que je sois transformé ».

Jean-Philippe Roubaud : ’mine’ de rien, il utilise le crayon pour ses dessins. ©M.L

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