Bien-être animal : "Jamais

Bien-être animal : "Jamais ce sujet n’a été aussi présent"

Les déclarations et les prises de position allant dans le sens d’une meilleure prise en compte du bien-être animal se multiplient en France. De l’échelon local jusqu’au sommet de l’État.

"C’est un sujet important (…) parce que nous sommes un pays attaché au bien-être animal", déclarait le Président Emmanuel Macron lors de la visite d’un refuge pour animaux à Gray (Haute-Saône), le 4 octobre, journée mondiale des animaux. "Néanmoins, nous sommes confrontés depuis des décennies à un problème plus important en France qu’ailleurs : l’abandon. La France détient le record d’Europe avec chaque année environ 100 000 chiens et chats abandonnés, ce qui est considérable. Il faut permettre d’éviter l’achat impulsif (…) et en finir avec le fait d’acheter un chat ou un chien comme un jouet", ajoutait le chef de l’État en se référant à la proposition de loi contre la maltraitance animale actuellement discutée au Parlement. Il y avait selon l’Insee 26 millions d’animaux de compagnie en France en 1988. Ils sont désormais 63 millions, dont 32,7 millions de poissons, 13,5 millions de chats et 7,3 millions de chiens, selon une étude réalisée en 2016 par la FACCO (Fédération des fabricants d’aliments pour chiens, chats, oiseaux et autres animaux familiers). L’animal de compagnie est défini dans le Code rural comme un "animal détenu ou destiné à être détenu par l’homme pour son agrément". Dans ce même code, l’animal est décrit depuis une loi de 1976 comme "un être sensible". Cette notion d’être vivant doté de sensibilité a intégré le Code civil en 2015.

Rattraper le retard

"D’un avis unanime aujourd’hui, chaque association de défense des animaux peut dire que jamais ce sujet n’a été aussi présent dans l’esprit des Français, dans les médias et sur les réseaux sociaux", a assuré récemment Loïc Dombreval, député des Alpes-Maritimes, docteur vétérinaire et l’un des rapporteurs de la proposition de loi contre la maltraitance animale.
Il s’exprimait dans le cadre d’un débat organisé le 15 octobre à Villeneuve-Loubet par le Bureau du Parlement européen à Marseille, avec Caroline Roose, députée européenne, et Christophe Marie, directeur adjoint et porte-parole de la Fondation Brigitte Bardot. En France, "la population était déjà réceptive, avec les réseaux sociaux cela s’est amplifié", a souligné Christophe Marie, reconnaissant que pendant longtemps "les avancées étaient faites au niveau européen". "La France est à la traîne sur bien des sujets", a affirmé Caroline Roose, ne comprenant notamment pas pourquoi la France n’interdit pas l’exportation d’animaux vivants en dehors de l’Union européenne.
Loïc Dombreval a confirmé le retard de la France, rappelant par exemple que 23 pays avaient déjà interdit les animaux sauvages dans les cirques. Mais "cette proposition de loi va permettre de rattraper une bonne partie de ce retard". Autres signes encourageants pour le député des Alpes-Maritimes : la décision du groupe de luxe Kering de ne plus utiliser de fourrure animale pour ses collections et celle du Club Med de ne plus proposer dans ses circuits de promenades à dos d’éléphants ou l’observation de cétacés en captivité.
En ouverture du débat, le maire de Villeneuve-Loubet, Lionnel Luca, a rappelé qu’il y avait dans sa commune deux délégués à la protection animale et depuis peu "une ASVP en charge de la nature et de la protection animale".

Un plan pour Marineland ?

Un "plan Marineland" est demandé pour préparer la fin du parc et sauvegarder les emplois DR

Si la prise de conscience sur la condition animale prend de l’ampleur, du côté des associations, le combat continue. Présente dans le public lors du débat de Villeneuve-Loubet, Chantal Fontanesi, de l’association Justice pour les animaux, a avancé que les policiers et les magistrats n’étaient pas suffisamment formés et que très souvent les plaintes étaient classées sans suites. "Sur place, nous n’avons aucun moyen d’agir", déplorait-elle. Le président du Tribunal judiciaire de Nice, Marc Jean-Talon, rappelle pourtant que les juges du siège sont "bien sûr formés à la mise en jeu des infractions contenues dans les différents codes" et qu’il "existe par ailleurs des formations spécifiques sur ’l’animal et le droit’, organisées par l’ENM (École nationale de la magistrature) dans le cadre de la formation continue obligatoire des magistrats". Satisfait des avancées, Loïc Dombreval a toutefois indiqué que "le bien-être des animaux ne pouvait pas se faire au détriment du bien-être des êtres humains". Il a notamment pris l’exemple du parc Marineland à Antibes, qui avec la future loi ne pourra plus attirer le public avec ses spectacles d’orques et de dauphins. "Il faudra trouver une solution humaine, sociale et économique pour le site", a prévenu Loïc Dombreval. "La solution ne doit pas être pire que le problème", a affirmé de son côté le député antibois Éric Pauget, demandant à l’État un "plan Marineland" alors que selon lui ce sont des "centaines d’emplois" qui sont menacées.


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Photo de Une : De gauche à droite : Loic Dombreval, Caroline Roose, Christophe Marie. ©S.G

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