Clinique juridique NCA : Une structure qui profite à tous : patients, cliniciens et praticiens
- Par Sébastien Guiné --
- le 7 juin 2024
La Clinique juridique permet à des personnes d’obtenir une information juridique gratuite, aux étudiants d’être confrontés à la réalité du métier et aux professionnels de transmettre.
« La Clinique est réservée aux patients qui n’ont pas les moyens de payer un avocat », souvent des étudiants ou des personnes seules, confie Me Céline Poulain, qui, comme l’ensemble des professionnels bénévoles de la clinique, s’assure « de la conformité des informations données ». « En amont, on vérifie avec eux que les bonnes questions ont été posées aux patients et qu’ils disposent de toutes les informations. L’objectif est de faire du syllogisme juridique c’est-à-dire de passer d’une situation de fait à une situation de droit pour pouvoir la régler », développe l’avocate du barreau de Grasse. « On n’intervient pas directement, on ne fait pas le travail à leur place. Ils nous envoient leur production quelques jours avant la restitution de leur travail au patient. Si jamais il y a une erreur, on les réoriente un peu ou on explique, mais cela ne m’est jamais arrivé. On a un rôle d’encadrants mais toujours en retrait. C’est fait pour les faire progresser mais aussi pour assurer un accès au droit de qualité ».
« Un premier pas »
« C’est une forme d’apprentissage et c’est déjà un premier pas vers un exercice professionnel c’est-à-dire de pouvoir transformer la matière brute et théorique qu’ils apprennent à l’université afin de la restituer à des particuliers ou des entreprises qui ont un vrai problème juridique », développe l’avocate. « Il faut apprendre à poser les bonnes questions car il y a des gens qui ne savent pas formuler leurs problèmes. Par exemple, si on vous dit ‘j’ai un problème, on me doit des sous’, il faut ensuite traduire cela en termes juridiques. Ils sont là pour apprendre ce mécanisme. Quand cela va au-delà de leurs compétences, on le dit aux patients. Quand c’est compliqué et qu’ils ont besoin d’un professionnel, on les renvoie vers quelqu’un, qui n’est pas un membre de la clinique parce que ce n’est que du bénévolat et cet esprit-là est extrêmement important donc il ne faut pas qu’il y ait de bénéfices derrière, en termes de recherche de clientèle ». « Il faut oser poser des questions », complète sa consœur, Me Delphine Gillet. « Dans le cadre du droit de la famille, j’ai des exemples où on a affaire à une personne qui est en difficulté pour expliquer ce qu’elle vit et qui peut être l’objet de pressions. Il faut creuser ce qu’elle entend sous le terme de pression. Elle peut avoir peur. Il faut oser poser des questions : est-ce que vous êtes victime de violences ? Vous a-t-on déjà frappé ? Les étudiants sont un peu en retrait par rapport à la pratique du métier et il faut les pousser un peu à poser ces questions. Il faut faire prendre conscience aux étudiants qu’ils ont un rôle à jouer ».
« Appliquer le droit »
Ce qui plaît à Me Gillet dans sa participation au sein de la Clinique « c’est (son) implication, d’une certaine manière, dans l’université. J’aurais aimé être à leur place. Il est important de les faire évoluer et on contribue aussi à faire évoluer l’université vers un autre mode d’exercice ». Inès, étudiante en M1 de droit privé et clinicienne, est ravie de pouvoir « appliquer le droit ». « On rencontre des gens, on les aide, on les écoute. On est là pour les aiguiller. C’est très enrichissant. Je conseille à tout le monde de s’engager ». Lukas, en 3e année de licence, a intégré la Clinique car il est « issu d’un milieu plutôt modeste » et a « déjà été confronté à la complexité de l’accès au droit ». Grâce à cette expérience, il a également pu toucher à d’autres domaines du droit. Manel, clinicienne depuis septembre et qui termine son M1 de droit des affaires, n’a « jamais eu l’opportunité de faire des stages ». Elle peut ainsi mettre en pratique ce qu’elle a appris depuis le début de ses études. « Cela procure une grande richesse, à la fois aux praticiens et aux étudiants », résume Maître Poulain. « Cela nous oblige à penser différemment la pratique de notre métier, à être exemplaires, pour les patients et pour ceux qui sont en train d’être formés ».