Compteurs Linky : les

Compteurs Linky : les doutes de la CNIL et du médiateur de l’énergie

Dans l’armoire électrique, votre ancien compteur gris clair a cédé la place à un Linky vert pomme. Après les compteurs bleu et les compteurs gris, le petit dernier sera installé par votre fournisseur d’électricité ou par un prestataire mandaté sur l’ensemble du territoire français d’ici 2021.
Pour le moment, sept millions de foyers sont équipés de ce compteur dit intelligent qui constitue un pas de plus vers la simplification censée être apportée par les nouvelles technologies.

Pour la première fois, un compteur permet la transmission d’informations à distance en temps réel. Gain de temps et d’argent pour le fournisseur. Et pour le client, c’est la faculté d’adapter facilement l’abonnement aux besoins, de contrôler si la consommation est "normale", de savoir comment elle évolue au sein d’une journée.

Consentement "éclairé et spécifique"

Ce sont les arguments avancés pour promouvoir Linky : de quoi rasséréner l’usager inquiet, qui pourra mieux gérer sa consommation puisqu’il en aura une connaissance plus fine.
Ce nouveau compteur implique donc une relève à distance et un pilotage de la fourniture d’énergie. Mais les clients ont-ils suffisamment consentis librement "de manière éclairée et spécifique" à ce que leurs données soient ainsi recueillies par le fournisseur d’énergie ? Pas sûr…
La CNIL épingle en effet Direct Energie au motif que les contrôles ont révélé que "le consentement des clients n’était pas recueilli dans des conditions conformes" à l’article 7 de la loi Informatique et libertés du 6 janvier 1978.
L’installation d’un Linky revêt un caractère obligatoire. Sa mise en service dépend d’Enedis, parfois pour le compte d’autres fournisseurs d’électricité, tels Direct Energie.

Où sont les avantages pour l’abonné ?

Concernant cette dernière, la CNIL a estimé que le client a l’impression qu’il choisit d’activer le compteur alors qu’il ne consent, en réalité, qu’à la collecte de ses données de consommation. Pour la commission, la finalité de "facturation au plus juste" affichée lors du recueil du consentement n’est pas exacte car Direct Energie ne propose pas d’offres basées sur la consommation horaire. De plus, la remontée des données de consommation, par tranche de demi-heure, n’est pas indiquée au client.
Si ce fournisseur informe bien ses abonnés de la collecte des données auprès d’Enedis, gestionnaire du réseau de distribution, elle ne leur demande pas leur accord préalable.
Ces données peuvent en effet révéler des informations relatives à la vie privée (heures de lever et de coucher, périodes d’absence, nombre d’occupants du logement, etc.).
Le Médiateur de l’énergie a noté que "si les bénéfices pour les opérateurs sont évidents, ceux qui concernent les consommateurs tardent à se concrétiser". Et les fortes réticences à Linky ne sont pas que le fait de personnes mal informées : le ministre de la Transition écologique et solidaire en personne a reconnu au micro de France Inter s’être interrogé sur son "côté un peu intrusif. (...) Pendant un temps je me suis même opposé à ce qu’on installe un compteur Linky chez moi".
Avant de se dire rassuré, et d’accepter finalement le boîtier vert pomme dans son armoire électrique.

Visuel de Une (illustration détail photo DR Benoît Prieur )

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