Immo-interactif : les Notaires du 06 développent la négociation en ligne

Maître Laurent Libouban fait le point sur une forme de ventes aux enchères immobilière notariale, un temps abandonnée dans les Alpes-Maritimes, et relancée par une trentaine d’études.

La négociation immobilière, une nouveauté ?

La négociation immobilière par les Notaires a toujours existé. Elle est même, dans certains départements, le quotidien de nos confrères. Dans les Alpes-Maritimes, cette pratique a été progressivement abandonnée pendant une quarantaine d’années, la profession se concentrant sur d’autres activités. Mais il y a ici, depuis deux ans, une reprise de la négociation immobilière. Cela répond à la demande de la clientèle, qui n’est pas forcément originaire de la Côte d’Azur, et qui a déjà l’habitude de cette pratique ailleurs.

Maître Laurent Libouban (DR)

Est-ce une des conséquences de la loi Macron pour la modernisation de l’économie ?

C’est effectivement en lien avec les nouveautés introduites par cette loi. Les Notaires azuréens ont la volonté de se diversifier, et donc d’aller vers la négociation immobilière. Vous savez, la loi Macron a déjà généré la création de 1 500 études supplémentaires en France, auxquelles vont encore s’ajouter 700 autres après le prochain tirage au sort. La diversification est donc une nécessité...

Quelle est la valeur ajoutée de la profession ?

Nous avons une connaissance précise du marché. Nous offrons une sorte de "guichet unique" dans le parcours des transactions, ce qui correspond aux attentes des acheteurs et des vendeurs. Nous pouvons donc les accompagner depuis la fixation de la valeur du bien jusqu’au règlement du prix de vente. Pour eux, c’est une sécurité, ils sont mis à l’abri de toutes difficultés, juridiques ou autres, qui peuvent survenir pendant la transaction.

Vous êtes les seuls sur ce marché ?

La vente interactive est une exclusivité de la profession. Elle permet d’obtenir "le meilleur prix dans un délai raisonnable".

Comment cela se passe t-il ?

Nous accompagnons le vendeur pas à pas. D’abord par une évaluation du prix après une visite, ensuite par la signature d’un mandat de vente interactive, puis par la présentation et la commercialisation du bien pendant une quinzaine de jours sur les sites marchands en ligne de type "Le bon coin" ou autres, par la pose de panneaux, etc. À ce stade, nous organisons des visites collectives du bien et, à l’issue de ce processus, nous mettons en œuvre une "enchère d’offres" sur notre site https://www.immobilier.notaires.fr/.
Les enchérisseurs ont alors 24 heures pour faire leur proposition en ligne.

Nous sommes donc dans la même logique qu’une vente aux enchères publique ?

Tout se fait dans une transparence totale. Le vendeur et les candidats savent combien de personnes sont inscrites. Ils peuvent constater en temps réel l’état des enchères. L’expérience montre que la dernière demi-heure est très active...

C’est l’endroit des bonnes affaires ?

La mise à prix est en général inférieure aux prix du marché. Par exemple, un appartement estimé à 450 000 € sera proposé à 430 000 €, ce qui a un effet incitatif pour les acquéreurs. Ceux-ci peuvent alors surenchérir. Au final, on constate que le prix de la transaction se situe souvent au dessus du prix du marché.

Tous types de biens sont proposés ?

Le bien doit être nouveau sur le marché. Le mandat est exclusif. Le vendeur précise un prix de réserve. Il a le choix final de l’acquéreur, qui ne sera pas forcément le mieux-disant. Des vendeurs préfèrent en effet s’engager avec quelqu’un qui dispose d’un "bon" dossier financier plutôt qu’avec un candidat devant encore réaliser un emprunt pour mener la transaction. Le mandat - de 4 à 6% du prix - peut être à la charge de l’acquéreur, du vendeur.

Et ce système fonctionne bien dans le 06 ?

Nous sommes une trentaine de Notaires à pratiquer. Actuellement le taux de réussite est très satisfaisant même si nous manquons encore un peu de recul pour tirer un bilan définitif. Les enchérisseurs sont souvent des investisseurs désirant réaliser un placement locatif. Nos études couvrent tout le département. Pour cette activité, nous avons créé des postes de négociateurs dédiés. Ils sont chez nous salariés, avec le titre de "clerc négociateur"