Le procureur Jean-Michel

Le procureur Jean-Michel Prêtre s’exprime sur les conditions de son départ

Les cérémonies de départ constituent généralement des moment convenus, avec panégyrique, petits fours et quelques bulles pour souhaiter bon vent à la vedette du jour. La cérémonie qui a marqué les adieux de Jean-Michel Prêtre au Parquet de Nice, mardi midi au Palais de Justice, n’a pas appartenu à cette catégorie.
D’abord en raison de la personnalité du Procureur qui, fidèle à son caractère, a dit ce qu’il avait à dire, en enrobant ses vérités avec courtoisie dans des mots policés. Ensuite par le contexte de ce départ, qui a été très commenté à la ville comme dans les colonnes des journaux nationaux "de référence".

Champ de bataille

Jean-Michel Prêtre a commencé son intervention par ce qui sert habituellement de conclusion, en souhaitant à son successeur "de pouvoir continuer le combat pour une justice sereine dans ce ressort difficile qu’est Nice. C’est un combat qui n’est pas gagné, jamais complètement acquis" a prévenu le procureur "et qui a laissé un certain nombre de blessés sur le champ de bataille".

Bien sûr, il n’a pas cité de noms, mais il a évoqué ces affaires qu’il eût à traiter avec son Parquet et dont certaines se sont avérées sensibles. "Un procureur normal dérange les situations acquises de personnes qui se pensent intouchables. C’est sa raison d’être, un procureur n’est pas fait pour plaire. À Nice, mon travail a déplu, l’action des magistrats du Parquet a dérangé des intérêts et des personnes".
Un ange est passé...

Bâtonnier, directeur de greffe, président du TGI, préfet des A-M, président du Conseil départemental entouraient le procureur à l’heure de son départ. (DR JMC)

Celui dont l’intégrité a été mise en cause à plusieurs reprises – succession du Negresco, gestion médiatique de la manifestante âgée blessée en mars sur la place Garibaldi – a suscité de nombreux articles polémiques dans des journaux et sur des sites nationaux. "On m’a prêté des propos que je n’ai jamais tenus, ils sont régulièrement repris en boucle. Je n’ai jamais menti sur les faits". Concernant l’affaire Legay, Il a martelé qu’il n’a jamais "voulu protéger le président de la République" comme cela a été dit et beaucoup écrit dans les semaines qui suivirent ce loupé du maintien de l’ordre à Nice. Pour lui, des "éléments parcellaires et biaisés" ont été repris à tort par les journaux nationaux. "J’affirme ici mon intégrité".

L’attentat, l’indépendance du magistrat...

De son passage de quatre années et demi sur la Côte d’Azur, il préférera sans doute garder le souvenir de relations apaisées au sein du Parquet alors qu’il y avait auparavant une "inimitié notoire" et parfois même "bruyante", plutôt que celui dramatique de la terrible soirée du 14 juillet 2016 lors de laquelle, présent sur les lieux, il a mobilisé tous les moyens judiciaires à sa disposition.
"Ce fut un choc, qui en réalité n’est pas exprimable par des mots, après lequel personne n’est plus jamais le même" a t-il déclaré avant de demander le respect d’une minute de silence à la mémoire des victimes de l’attentat.
Auparavant, devant les corps constitués, le président du TGI de Nice, Marc Jean-Talon a tenu à affirmer son estime et son amitié pour Jean-Michel Prêtre, soulignant sa "gestion fine de l’action publique" dans tous les postes où il a exercé, son "sang froid" dans les situations difficiles. De quoi justifier totalement "confiance et respect".

Jean-Michel Prêtre vient d’être muté comme Avocat général près de la Cour d’appel de Lyon. A l’insu de son plein gré, ce qu’il considère comme "une atteinte à l’indépendance des magistrats", et en rappelant avec force "qu’aucune faute professionnelle ne lui est reprochée", contrairement à ce que des sites ont trop rapidement et trop souvent écrit "sans vérifier leurs sources".

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