Prison : les très vives

Prison : les très vives critiques de la contrôleuse générale des lieux de privatisation

Le coup de gueule de la contrôleuse générale des lieux de privatisation de liberté passera t-il inaperçu ? Dominique Simonnot rappelle à notre bon souvenir, et peut-être aussi à notre mauvaise conscience, que la Cour européenne des droits de l’homme a déjà ordonné à la France d’en finir avec sa surpopulation carcérale endémique, et qu’elle a enjoint au gouvernement de prévoir, avant le 1er mars, un « recours effectif » contre les « conditions indignes de détention », rejoignant en cela les avis de la Cour de cassation, du Conseil d’Etat et du Conseil constitutionnel.

Dans une tribune parue dans le journal Le Monde (09/03), elle constate qu’à « cette effarante surpopulation  » s’ajoute « l’état immonde – le mot n’est pas trop fort ! – de certaines cellules infestées de vermine, de rats, d’humidité et de saleté  ». Elle déplore que le gouvernement n’ait pas légiféré, et que la proposition de la commission des lois du Sénat qui sera prochainement discutée sera « encore insuffisante ».
Alors qu’en raison de la pandémie le nombre des détenus avait été ramené à 58 800 à la fin de l’été 2020, contre 72 000 avant les libérations anticipées de détenus arrivés en fin de peine, «  les chiffres des incarcérations remontent de manière galopante, à raison de 1 000 prisonniers supplémentaires chaque mois  » note Mme Simonnot. « Nous en sommes, aujourd’hui, à 64 000, dont 700 dorment sur un matelas au sol  ».
La contrôleuse critique vivement la propension à l’incarcération : «  à cette situation, les magistrats ne sont pas étrangers, eux, qui, gardiens des libertés de tous, continuent d’envoyer les condamnés dans des geôles où ils ne se rendent pas – à de rares exceptions qu’il convient de saluer – sans quoi leur regard sur la prison changerait. Et, à n’en pas douter, ils pencheraient vers des alternatives qui, faut-il le rappeler, sont aussi des peines. Contraignantes et plus efficaces ». Mme Simonnot s’inquiète aussi de la promiscuité et de ses effets sur la situation sanitaire et que le ministre de la justice ait annoncé « la fin des réductions de peine « automatiques » qui participent pourtant à la « régulation  ».

Illustration de Une : DR

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