Réforme de l'ENM : Dupond-

Réforme de l’ENM : Dupond-Moretti persiste...

Parce qu’il avait proposé dans un livre la suppression de l’École Nationale de la Magistrature "incapable de former correctement des jeunes gens qu’elle encaste dans un moule", parce qu’il vient de commander une enquête sur le fonctionnement du PNF, Eric Dupond-Moretti savait qu’il marchait sur des œufs en annonçant ce lundi la réforme de l’ENM. Avant même sa nomination à la Chancellerie, ses prises de position sur les magistrats avaient déjà froissé un certain nombre d’entre-eux, syndicats en tête. Et jusqu’au discret CSM qui vient de se fendre d’un communiqué, procédure exceptionnelle dans cette structure, pour une suspicion de manque de loyauté de magistrats.

Patte de velours

Sur ce terrain miné, E.D.-M. a donc été obligé de composer, de mettre un peu d’eau dans son vin, comme il le fait depuis qu’il a raccroché sa robe de pénaliste pour le costume de ministre et garde de Sceaux. évoquant l’état des lieux effectué à son arrivée, il a constaté "le dénuement de la justice : un trop grand nombre de tribunaux n’ont pas encore les moyens humains et matériels pour fonctionner dans des conditions satisfaisantes. Je me suis donc d’emblée battu pour obtenir une augmentation significative de notre budget". Mais s’il salue "l’engagement et l’enthousiasme de la majorité des magistrats", il a constaté aussi "la force d’inertie de certains, la frilosité à moderniser l’institution et les dérives d’une culture de l’entre soi.Quelles en sont les causes ? J’ai exprimé depuis longtemps, l’idée que ce corporatisme, qui éloigne la justice des citoyens, prenait corps pour une part à l’ENM".

Chassez le naturel...

Éric Dupond-Moretti a rendu hommage à Olivier Leurent, "grand magistrat", qui a quitté ses fonctions de directeur et a annoncé à ce poste
Nathalie Roret, vice-bâtonnière de Paris. Elle sera la première femme et la première non magistrate à prendre la tête de l’ENM. Mais, chassez le naturel et il revient au galop, il n’a rien lâché de sa volonté réformatrice et n’a pas caressé dans le sens du poil...
Concernant les pistes d’amélioration de l’école, "j’ai avancé, bien avant d’être garde des Sceaux, l’idée d’une suppression de cette institution pour la transformer en une école de formation commune des magistrats et des avocats. Car j’ai la conviction qu’une justice de qualité ne peut être rendue sans le concours des avocats" a déclaré le ministre. "J’ai dit lors de mon installation que je n’aurai pas le temps d’opérer une refonte totale, mais je ne renonce certainement pas à ouvrir davantage cette école. L’ouverture c’est d’abord rompre avec des traditions surannées, c’est rompre avec la tentation du vase clos et de l’entre soi. C’est vouloir réfléchir et débattre autrement qu’entre pairs (...) C’est encore, renforcer l’apprentissage chez les futurs magistrats, ne vraie culture du contradictoire (...) En un mot, je veux rappeler que cette école n’est pas l’école des magistrats mais celle de la magistrature. Elle doit donc être ouverte davantage encore à tous ceux qui concourent à l’œuvre de justice et être à l’écoute des citoyens qui y sont confrontés".
Il a ensuite présenté la nouvelle directrice de l’ENM, insisté sur la richesse de son parcours dans le monde du droit, "son appétence pour l’enseignement, son engagement aux côtés des justiciables, notamment dans le domaine de la médiation".

Photo de Une Eric Dupond-Moretti DR JMC

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