Sécurité : frontières, (...)

Sécurité : frontières, terrorisme et délinquance décryptés à la Fac de droit

"Terrorisme, délinquance et sécurité des territoires" : en organisant une journée d’étude sur ce thème, l’Université de Nice (1) a choisi de mettre l’actualité au cœur de la réflexion de ses étudiants, l’objectif étant "d’établir un dialogue" entre et avec des fonctionnaires de l’État, des personnels des collectivités territoriales et des enseignants-chercheurs.

Pendant toute la journée de mardi, les intervenants ont parlé de sujets brûlants – sans jeu de mot – tels que "Comment lutter contre la radicalisation ?", "Terrorisme ou délinquance ?", "les frontières" et les questions qu’elles posent aux citoyens. Des magistrats, des avocats, sociologues, élus, chefs de services comme l’Administration pénitentiaire ou les Douanes ont apporté leur concours à ce colloque de haut niveau, introduit par le doyen Vallar et suivi par de nombreux étudiants et professionnels.

Professeur de sociologie (Rennes 2), Ali Aït Abdelmalek a parlé de la notion de frontière pour notre société contemporaine "qui a plus évolué ces trente dernières années que les trois mille ans qui ont précédé. Nous assistons à une accélération politique, économique et culturelle sans précédent qui font que les frontières introduisent une notion de rupture territoriale là où il y avait continuité. La frontière est surtout dans nos têtes, c’est une création humaine, en aucun cas spatiale ou géographique" a commenté le sociologue avant de tenter une définition - selon lui impossible à déterminer - du terrorisme, cette "pathologie sociale". Pour cet enseignant, la plus terrible des frontières est celle qui sépare les diplômés
des personnes qui n’ont pas eu la chance de faire des études.

Déontologie et éthique

Directeur régional des Douanes à Nice, Roger Combe a quant à lui souligné les liens évidents entre délinquance organisée et terrorisme, rappelant que le trafic de cigarettes a un temps financé l’ETA ou que Daesh a cherché à financer ses actions dans la contrebande de pétrole et de stupéfiants. "L’un des premiers actes de l’État Islamique a été d’établir des frontières autour de ses bases pour pouvoir prélever des taxes..." Il a évidemment parlé de la frontière avec l’Italie, où le travail des douaniers et des gendarmes n’assure pas "une étanchéité totale" mais est un rempart tout de même efficace. Pour lui, le pays voisin est "une plaque majeure de la fraude" avec des "organisations mafieuses efficaces" qui contrôlent des trafics et "de façon évidente" des ports.
Il a aussi parlé de l’Espagne "premier producteur de cannabis en Europe", précisant même que des trafiquants ont réussi par génie génétique à produire un THC* de 50 % "ce qui va poser de graves problèmes de santé
publique à court terme".
Il a conclu par la nécessité de veiller "à la déontologie et à l’éthique" des douaniers et policiers, deux qualités qui sont "les meilleures armes pour lutter contre les grands délinquants et le terrorisme".

(1) CERDACFF, pôles "Sécurité nationale" et "Territoires en mutation", avec l’Université de Perpignan.
* C’est le principe actif contenu dans le cannabis et ses différents
composés.

Photo de Une : Le professeur Abdelmalek présentant la notion de frontière. (DR JMC)

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