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Tribunal de commerce d’Antibes : "Nous ne sommes pas une association sportive !"

C’est dans un noir presque total que l’audience solennelle de rentrée du tribunal de commerce d’Antibes a eu lieu vendredi dernier. Une cérémonie qui s’est déroulée dans la salle d’audience et qui a permis au président Robert Martin de clôturer l’année judiciaire 2019 et d’ouvrir la nouvelle année 2020.

Gérard Perugini ayant cédé l’an passé son poste de président à Robert Martin, celui-ci a dressé son premier bilan, qu’il juge relativement positif. "L’équipe ne comportait plus que dix-neuf juges au lieu des vingt-huit habituels. Ces dix-neuf magistrats présents en 2019 ont rempli parfaitement leurs missions". L’une des plus grandes réussites réside dans le
développement des formations. "Tous les objectifs ont été atteints, ce qui va nous permettre en 2020 de renforcer nos équipes" annonce Robert
Martin. En effet, trois juges commissaires, un président de chambre du contentieux général et deux juges affectés à la prévention ont été formés. "Ce sont plus de 700 heures de formation qui ont été suivies par les magistrats" ajoute-t-il.

Malgré ces bonnes nouvelles, c’est aussi le moment d’aborder publiquement quelques problèmes quotidiens.
Le premier étant le manque de moyens financiers. "Nous ne demandons pas une rétribution […] mais un budget de fonctionnement décent. En effet, le travail de tous les jours n’est pas toujours simple. Aujourd’hui nous fonctionnons à vingt-cinq juges sur un seul ordinateur, qui d’ailleurs, est en panne..." explique le président. Mais lorsqu’une demande a été formulée, aucune aide financière n’a été accordée. "Nous ne sommes pas une association sportive, ni philosophique, ni culturelle qui peut vendre des tee-shirts ou des adhésions. Mais nous sommes bel et bien un tribunal qui agit au nom du peuple français".

Une "colère"

"L’obscurité tombe sur la justice". Le bâtonnier de Grasse, Maître Fabrice Maurel, ne fait pas allusion dans son discours à la panne d’électricité qui a privé cette audience de lumière mais bel et bien à la réforme des retraites : "Je suis en grève, le barreau de Grasse est en grève, les 164 barreaux de France sont en grève. Une grève totale, une grève dure en raison des conflits qui opposent la profession des avocats au projet de réforme des retraites"
explique-t-il. Malgré cette semaine de justice morte, le bâtonnier grassois explique être venu à l’audience "par respect envers cette juridiction". Si Fabrice Maurel est "en colère" contre le gouvernement, c’est parce que "cette réforme impose une hausse conséquente des cotisations de la profession qui seront doublées (14 à 28%). Cette charge nouvelle ne pourra pas être supportée par de nombreux cabinets d’avocats, c’est la mort assurée des confrères" assure-t-il. Dans le même temps, le montant de la retraite à taux plein va être diminué pour tomber de 16 800 à 12 000 euros. "Ainsi, le gouvernement prévoit de doubler nos cotisations et de diminuer nos retraites d’un tiers. C’est inacceptable".
Les représentants du monde économique des bassins antibois et grassois assistaient aux côtés des élus et des professions judiciaires à cette rentrée du tribunal de commerce.

Les chiffres de 2019

Voici les principaux chiffres de la juridiction :
- 36 939 entreprises dépendent du ressort du tribunal de commerce d’Antibes (+0,5% par rapport à 2018)
- 1602 affaires enrôlées en contentieux général (soit 7% de plus qu’en 2018)
- 1539 jugements rendus (soit 2% de plus qu’en 2018)
- 461 affaires restantes à juger
- 53 ordonnances de référé (93 en 2018)
- 921 ordonnances des impayés (2 013 en 2018)
- 265 procédures engagées (308 en 2018)
- 22 sanctions en interdiction de gérer ou faillite personnelle
- + 20% de liquidations en cours de procédure.

Photo de Une : En présence du procureur adjoint de Grasse, les magistrats consulaires entouraient le président Martin pour cette audience de rentrée. DR M.R

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