22, v'là l'article 24 (...)

22, v’là l’article 24 !

Difficile de mieux se prendre les pieds dans le tapis et de tendre un bâton pour se faire battre ! Pauvre Jean Castex, obligé de voler au secours de son ministre de l’Intérieur le maladroit et malchanceux Gérald Darmanin, qui a voulu précisément donner un coup de menton au moment où ses CRS et policiers distribuaient des croche-pieds aux migrants de la place de la République et des baffes à un musicien qui avait peut-être le grand tort d’être un peu trop noir à leur goût.

Dans les deux cas, tout aussi scandaleux et qui ont révulsé le pays, il y avait... des vidéos "volées" qui ont montré au grand jour les dérapages que le fameux article 24 aurait eu pour conséquence de laisser sous le tapis. Eh bien, pour les victimes, heureusement qu’il y avait des caméras en embuscade !

Darmanin n’a pas pu être moins que "choqué" (sic) par l’attitude de cette ultra minorité de policiers qui jette le discrédit sur toute la profession. Le grand patron de l’élysée s’est aussi fendu d’une longue lettre pour dire sa "honte" devant ces exactions, que l’on veut croire isolées et exceptionnelles, mais qui ont conduit les Français à douter de leur police. Laquelle, exemplaire pendant les attaques terroristes, est passée du stade des applaudissements à celui de la détestation, du moins pour une partie de l’opinion.

Quels que soient les développements de cette affaire, les dégâts politiques sont déjà patents, et je ne pense pas seulement aux casseurs de samedi à Paris et Lyon qui se sont infiltrés parmi les dizaines de milliers de manifestants pacifistes qui protestaient contre cet article liberticide.
Jolie chienlit ! Elle oblige maintenant le gouvernement à réécrire le fameux article 24 rejeté par une partie de... la majorité présidentielle (!), pour ne rien dire des présidents de l’Assemblée et du Sénat, et de nombreuses professions (avocats, journalistes et autres gibiers de potence), qui se sont étranglés en voyant le danger d’une loi dite de "sécurité globale" qui place surtout en insécurité la vie démocratique du pays.
Cela faisait longtemps qu’un texte n’avait fait l’objet d’un tel rejet sur des principes "moraux". À vouloir donner des leçons au monde entier, nous avons maintenant l’air malin car les dispositions prévues dans le 24 n’étaient finalement pas si éloignées des reproches que l’on fait à la Hongrie ou à la Pologne...

Nous allons donc assister à un remake de "Entre ici..." pour cet article mort-né qui, après avoir été voté par l’Assemblée, sera par la force des choses réécrit. Il ne devrait rester dans les annales que comme l’exemple parfait de ce qu’il ne faut surtout pas faire, après l’épisode pitoyable de la "commission de réécriture". Un comité bidule de technocrates qui se substituerait aux parlementaires ? Il fallait oser y penser, et il n’est pas surprenant que cette proposition a révulsé les députés, LREM compris...

En attendant, en cette période troublée, il est effectivement du devoir du gouvernement de protéger ses serviteurs en uniforme pour leur éviter de devenir des "cibles".
Le chemin est difficile, les équilibres à trouver subtils pour effacer les "sept pêchés capitaux" (formation, équipement etc.) recensés par un Darmanin pourtant ni honteux ni confus devant la commission des Lois de l’Assemblée. Le chemin du retour à la confiance est étroit, c’est pourquoi il ne faut pas chausser de gros godillots...

deconnecte