BlueLeaf Conservation :

BlueLeaf Conservation : Il n’y a pas que les arbres qui absorbent le carbone

Les deux fondateurs Frédéric Favre et Lionel Pourchier, veulent lutter contre le réchauffement climatique en favorisant les projets destinés à protéger les puits de carbone naturels des mers et des océans.

"Les océans ont capté 30% des émissions de CO2 d’origine humaine depuis l’ère anthropique. Ce sont des puits de carbone", explique Lionel Pourchier, ingénieur de formation qui a travaillé dans le secteur du démantèlement nucléaire. "Quand on dégrade un océan, sa capacité à capter le CO2 s’amenuise et il peut même se transformer en source d’émission. C’est la même chose si vous rasez une forêt : vous perdez le potentiel de la forêt à capter le CO2 et vous perdez en plus le CO2 qui a été stocké depuis des années. Les principes du terrestre, on les applique au marin. Ce sont des techniques transposables mais c’est plus compliqué dans le domaine du marin. Il y a quelques projets dans le monde qui se lancent".
Pour Frédéric Favre, associé et à l’origine de leur projet commun, "beaucoup de choses ont été faites dans le terrestre. On est une espèce terrestre, c’est normal que l’on commence par là. Jusqu’à maintenant les océans ont été plutôt sous-estimés. C’est assez récent qu’on se rende compte des ressources en matière de captation des émissions de CO2".

Crédit-carbone

Lionel Pourchier et Frédéric Favre se sont tous les deux retrouvés en reprise d’études, à Nice, dans un Master consacré aux questions d’écologie marine et d’innovations autour de l’économie bleue. "On connaît tous l’état des océans, on a plus ou moins le bilan en tête. Il y a des choses à faire et souvent c’est le financement qui manque. C’est de ce constat qu’est partie l’idée de valoriser ces écosystèmes grâce au carbone (le "carbone bleu"). J’ai consacré six mois à faire la pré faisabilité, dans ma thèse de master", raconte Frédéric Favre, biologiste de formation, également musicien et ancien producteur de spectacles. "Quand on a été diplômés on s’est dit que c’était le moment de se lancer". Le contexte leur est favorable, à en juger l’intérêt porté par le président de la République Emmanuel Macron aux récentes Assises de la mer, organisées à Nice, ou encore la volonté de Christian Estrosi de créer à Nice une aire marine protégée. "Nous voulons valoriser les puits de carbone marins, la capacité de la nature à nous rendre service et pour cela on a un outil qui est le crédit-carbone" (l’unité de réduction certifiée des émissions), assure Lionel Pourchier. "La posidonie par exemple est un puits de carbone. C’est aussi une nurserie à poissons et elle évite l’érosion des plages". Mais elle est souvent dégradée ou détruite par l’activité humaine.

Faire le lien

"Avec le crédit-carbone, on est capable de faire le lien entre les entreprises et les actions de conservation. On a fait le constat qu’il y avait un besoin au niveau des entreprises d’investir dans des projets qui permettent de limiter leur impact. Et de l’autre côté, il y a des projets qui ont un effet positif sur le climat. Mais les deux n’arrivent pas à communiquer : les entreprises vont parler en tonnes de CO2 et les ONG en hectares protégés".
C’est là qu’intervient BlueLeaf Conservation, qui grâce à l’expertise de ses fondateurs, se pose en trait d’union. "On ne fait pas que le lien car il y a une partie technique pour transformer des hectares en tonnes de carbone et aussi des actions de gestion qui permettent d’éviter ces émissions", détaille Lionel Pourchier, conscient que la protection des herbiers de posidonie est un sujet sensible sur la Côte d’Azur avec les très nombreux bateaux de plaisance.
"Il y a une activité économique qu’on ne peut pas arrêter du jour au lendemain. C’est là où on apporte des solutions, avec le développement des aires de mouillage écologique et également des solutions de surveillance et d’éducation".
Leur projet pilote, en partenariat avec l’association cannoise NaturDive, est situé dans la baie de Cannes mais ils comptent bien le transposer ailleurs sur le littoral français. Puis à l’étranger.

Photo de une : Frédéric Favre et Lionel Pourchier Dr et courtesy BlueLeaf Conservation

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