
Cabinet GFE : Fringant quinquagénaire
- Par Sébastien Guiné --
- le 18 avril 2025
Associé depuis 2008, Jérôme Brémond se penche sur la longévité de GFE, qui a fêté ses 50 ans début avril, et sur les évolutions de la profession d’expert-comptable.
Qu’est-ce qui fait le succès de GFE (Gestion France Entreprises), qui s’occupe de près de 2 000 clients ?

– Je dirais la proximité avec nos clients et la réactivité par rapport à leurs demandes et leurs préoccupations. Et puis il y a la compétence, forcément. Nous avons une bonne base de collaborateurs que l’on forme régulièrement. On va dire que c’est un amalgame, entre la compétence, la stabilité, la réactivité et la proximité, qui nous permet d’avoir une bonne assise et un cabinet en développement régulier.
Le fait d’avoir autant d’années d’expérience est important également.
– Évidemment, je pense que cela donne une crédibilité et une légitimité de fait au cabinet, même si forcément les associés fondateurs ne sont plus là aujourd’hui. Il y a toujours eu une politique d’intégration des jeunes formés au cabinet. On a beaucoup de jeunes associés, dont je fais partie, qui sont passés par ce cursus-là. La transmission des valeurs des anciens associés perdure.
Cette politique d’intégration est un atout indéniable au moment de conserver ses talents et d’en recruter d’autres.
– Je pense que nous avons la chance d’avoir un peu moins de turnover que d’autres. On essaie de faire tout ce qu’il faut pour fidéliser nos collaborateurs. Malgré tout, c’est vrai que le recrutement ces dernières années est assez compliqué dans le secteur et on a toujours eu, et cela perdure, la volonté de rechercher des jeunes talents potentiellement intégrables par la suite.
Vous êtes devenu associé assez rapidement au sein de GFE. Les jeunes d’aujourd’hui ont-ils également cette ambition ?
– Cela dépend des profils. Certains, dès leur entrée, ont cette motivation d’être le plus rapidement possible diplômés et associés. Certains se voient plus en tant qu’expert-comptable salarié, avec quand même la responsabilité de gérer une équipe et un portefeuille clients mais pas forcément la responsabilité de la direction du cabinet. Pour d’autres enfin, la volonté de s’associer vient après quelques années de pratique.
En 20 ans, qu’est-ce qui a le plus évolué dans le métier d’expert-comptable ?
– Ce sont les outils informatiques. Les échanges sont facilités, grâce à l’informatique, mais nous essayons toujours de rencontrer les clients et d’être proches d’eux. La crainte, à un moment donné, était que les échanges dématérialisés fassent perdre un petit peu ce côté humain, cette proximité. Nous faisons en sorte que cela ne se perde pas.
La dématérialisation vous a-t-elle fait gagner du temps ?

– Pour l’instant le gain de temps avec la digitalisation n’est pas flagrant. C’est vrai que cela simplifie certaines choses mais cela rajoute des contraintes dans le process, dans l’adaptation aussi. On l’anticipe malgré tout avec la facture électronique, qui devrait normalement simplifier énormément la collecte des données. Cela devrait nous faire gagner du temps et nous souhaitons réallouer ce temps dans de l’accompagnement plus poussé du client, avec des données que l’on aura de façon plus régulière.
Est-ce que vous utilisez des outils intégrant de l’intelligence artificielle ?
– C’est un sujet dont on s’est emparé assez récemment. Une charte sur l’utilisation de l’intelligence artificielle au sein du cabinet a été rédigée et nous sommes en train de la peaufiner. Pour l’instant, c’est assez timide, nous avons surtout des outils professionnels qui sont issus de notre documentation professionnelle. Cela va avoir un impact sur les pertes de temps liées à des recherches documentaires et à des réponses aux demandes de nos clients.
Pensez-vous que l’IA peut menacer des emplois ?
– Je ne pense pas que l’intelligence artificielle, directement et à court terme, soit une menace. J’ai du mal à me projeter à très long terme. Mais ce qui est sûr c’est que cela va avoir un impact, personne ne peut le nier aujourd’hui. J’estime que cela va être une aide. Donc il faut bien évidemment se former, savoir quels outils utiliser, lesquels ne pas utiliser. Si on les utilise bien, cela va être une aide, je pense, non négligeable. Mais de mon point de vue, cela ne remplacera pas le travail d’un collaborateur et, surtout, cela ne remplacera pas le contact que l’on a avec nos clients. Je suis même tenté de dire que plus on digitalise la relation technique, plus on a besoin de contact humain. Les clients auront toujours besoin de notre proximité et de notre analyse.
Propos recueillis par
Sébastien GUINÉ