Conjoncture : une reprise

Conjoncture : une reprise timide de l’investissement en France

  • le 23 juin 2015

Le contexte économique est davantage porteur avec une croissance attendue de 1,2 % en 2015 et une trésorerie des entreprises plus solide. Malgré ces signaux positifs, l’investissement tarde à reprendre et accuse un déficit évalué à 83 milliards d’euros depuis 2007, selon le récent baromètre d’Euler Hermes.

Une entreprise sur trois envisage d’augmenter ses dépenses d’investissements en 2015, selon l’étude menée par le spécialiste de l’assurance crédit, Euler Hermes.

La troisième édition de cette enquête, réalisée auprès de 800 ETI (entreprises de taille intermédiaire) et PME françaises, fait le constat d’une nette amélioration de la conjoncture portée par une baisse du prix du pétrole et de l’euro. Les entreprises non financières reconstituent leurs marges dont le taux devrait atteindre 31,5 % en 2015, mais reste inférieur au pic d’avant crise de 2007, de 33,5 %.

Euler Hermès estime que le cash cumulé dans les trésoreries des grandes entreprises non financières serait de 250 milliards d’euros en 2015, ce « trésor de guerre » a augmenté de 70 % au cours des sept dernières années. Par ailleurs, 92 % des entreprises interrogées déclarent avoir stabilisé ou amélioré leur trésorerie en 2015, contre 75 % en 2013, du fait notamment du regain d’activité et des conditions de financement particulièrement favorables.

Malgré cette dynamique porteuse, la frilosité des entreprises face aux projets reste encore forte, mais l’investissement s’affiche en nette progression par rapport au désastreux second semestre 2014 où il était nul.
« L’investissement augmenterait de 1 % cette année, pour accélérer à +2,6 % en 2016. L’amélioration des chiffres d’affaires et des marges donne ainsi le top départ pour un grand retour de l’investissement », analyse Ludovic Subran, chef économiste d’Euler Hermes. Excès d’optimisme, car seulement 31 % des entreprises envisagent d’augmenter leurs efforts d’investissement par rapport à l’année précédente. Mais « un léger mieux par rapport à notre dernier baromètre, elles n’étaient que 20 %», souligne Frédéric Andrès, économiste France pour Euler Hermes.

Faible visibilité sur le carnet de commandes

Mais pourquoi un rebond de l’investissement aussi timide ? Si certains indicateurs laissent imaginer une sortie de crise, la reprise reste fragile et aucun signe ne laisse envisager une inversion prochaine de la courbe du chômage. Les défaillances d’entreprises sont en légère hausse sur un an (+0,5 % à fin avril), malgré une amélioration dans le secteur du commerce (-5,4 %). Elles seront toujours au dessus de la barre des 60 000 faillites, jusqu’à fin 2016. La principale difficulté décelée reste la demande : 76 % des entreprises déplorent avoir une visibilité de moins de six mois sur leur carnet de commandes ( contre 58% dans le baromètre précédent), incitant à la prudence. Le manque de débouchés reste le problème majeur pour un tiers des entreprises interrogées, avec en première ligne le secteur du BTP (près de 40 %) dont le nombre de projets et de mises en chantier restent dramatiquement faible. Les travaux publics ont atteint leur point bas depuis la mi-1996. A cela s’ajoute une pression sur les prix en raison d’une concurrence accrue qui pourrait avoir une incidence sur la rentabilité. « Beaucoup d’entreprises ne tournent pas à plein et sont capables de répondre à un supplément de demande avec leur outils outils existants », explique Hubert Leman, membre du comité exécutif d’Euler Hermes France et directeur des risques. En effet, un tiers des entreprises sondées sont en situation de surcapacité, cette donnée est d’autant plus inquiétante qu’elle est en hausse par rapport à 2014.

Paradoxalement, en 2015, la moitié des entreprises prévoient d’investir dans l’augmentation de leurs capacités de production, dans le lancement d’une nouvelle activité et de revoir à la hausse les budgets de recherche et développement, en particulier, dans les secteurs des services et automobile.
Ce dernier bénéficie largement du rebond de la consommation après plusieurs années de marasme. Néanmoins, les dépenses en recherche et développement ne représentent que 0,4 % du chiffre d’affaires des sociétés et la quasi totalité des entreprises sondées (90 %) ne souhaitent pas investir à l’export pour conquérir de nouveaux marchés, où 20 milliards d’euros sont à capter en 2015, selon Euler Hermes.

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