Crise sanitaire et économi

Crise sanitaire et économique dans les A-M : le plus dur reste encore à venir

Les chefs d’entreprises azuréennes estiment qu’il faudra une année pour récupérer un niveau d’activité "normal". Mais ils savent aussi qu’il faudra faire de (gros) efforts... Retour sur la dernière conférence de presse de la CCI sur le bilan à ce jour de la crise sanitaire et économique dans le département et les actions engagées.

Chômage partiel, report de charges, prêts... Toutes les mesures imaginables ont été prises depuis le confinement. Si le "quoiqu’il en coûte" a évité un crash généralisé de l’économie française, le plus dur reste à faire : relancer la machine, faire face aux charges et aux taxes, aux remboursements des emprunts...
Un travail immense, dans lequel les entrepreneurs azuréens se sont engagés sans attendre, avec les soutiens des collectivités locales, de l’état et des organismes professionnels.

Il faudra modifier les organisations de travail

Allumage, décollage : c’est ici et maintenant. La Chambre de commerce et d’industrie a pris le pouls de 1 500 entreprises du département au travers d’une enquête qui ne cache pas les difficultés. À court terme, les entrepreneurs tablent sur une baisse des carnets de commandes estimée entre -42 et -54% tandis que 18% envisagent de tailler dans leurs
effectifs. Mais cette enquête montre aussi un formidable esprit de résilience...
"Nous sommes habitués à réagir vite" commente le président Jean-Pierre Savarino "et nous nous adapterons à ce nouveau contexte". Une attitude qui peut se résumer par la formule : "haut les cœurs !"
Plus d’un entrepreneur sur deux estime que cette crise modifiera "de façon pérenne" son activité. D’abord dans l’organisation du travail (46%), par des efforts commerciaux (21%) à quasi égalité avec de nouveaux produits (19%) et par la recherche de nouvelles clientèles."Le confinement a eu un avantage : celui de faire entrer le numérique dans les commerces qui avaient du retard mais qui ont développé des sites d’achat pendant le confinement" poursuit le président de la CCI NCA. À quelque chose, malheur est bon...

Le retour au "monde d’avant"

Mais le plus encourageant, c’est que 62% des entrepreneurs azuréens pensent rattraper le retard d’ici un an et retrouver l’activité du "monde d’avant" d’ici juin 2021.
Une confiance qui s’affiche surtout dans l’économie locale, départementale et régionale à 46%, tandis que le pessimisme gagne pour le national (29%) et l’international (28%). "La Covid a déjà coûté très cher. Tout le monde devra faire des efforts. La réussite des entreprises dépendra de la capacité à fédérer les employés, à mettre en place de nouvelles organisations. Quelles mesures de relance et de soutien vont-elles être mises en place ? D’elles dépend notre succès à tous. Car il ne faut pas se cacher que la rentrée sera très difficile. Les services et l’industrie - en particulier celle qui exporte, comme le parfum et l’aéronautique - rencontreront des difficultés de carnet de commandes. Des projets sont d’ores et déjà arrêtés, ce ne sera pas sans conséquences".
Chacun a conscience de l’échéance de la rentrée et se prépare à l’affronter avec courage.

Hôteliers, cafés : l’incertitude

Vice-président en charge du tourisme à la CCI, hôtelier "historique" sur le bassin cannois, Michel Chevillon estime que ces secteurs d’activité "souffrent encore énormément" depuis la sortie du confinement. "En deux mois et demi, nous avons perdu 1,5 milliard de chiffre d’affaires. C’est la plus grande souffrance de nos métiers depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Aujourd’hui, il ne faut pas se cacher que sont en jeu 150 000 emplois directs et indirects".
Quelques lueurs d’espoir tout de même : pourquoi pas le bout du tunnel avec l’arrivée constatée ces derniers jours dans les Alpes-
Maritimes de touristes anglais, suisses et allemands venus sur la Côte en voiture. "Ils avaient été précédés par des Français, arrivés de Marseille, Toulouse, Bordeaux... Cela veut dire que nous demeurons une destination attractive. Il nous faut maintenant attendre le retour des avions hors Schengen pour recevoir la clientèle américaine et asiatique qui sont à zéro, et moyen orientale qui commence seulement à frissonner" poursuit Michel Chevillon qui note que 50% du parc hôtelier des A-M n’a pas rouvert, qu’un certain nombre d’établissements ne rouvrira pas en 2020, et certains plus du tout". Sur la Croisette, une clientèle fortunée commence à débarquer dans les hôtels "mais l’on attend toujours les clients sur les plages".
À la mi juillet, la fréquentation hôtelière tournait aux environs de 45% des capacités disponibles. "Nous espérons atteindre 75% en août, ce qui reste à confirmer". Michel Chevillon salue les efforts de promotion de la destination qui ont un effet certain sur la fréquentation.

>> Jean-Pierre Savarino : "besoin de mesures de relance et de soutien"

"Nous avions pour notre territoire une dynamique favorable en 2019 mais la crise sanitaire a engendré un fort repli au premier semestre : -54 points, qu’il faut comparer aux -28 points seulement de la crise des dettes souveraines de 2009. Ce sont les pires chiffres depuis que nous tenons des statistiques".
Le président de la CCI a ainsi résumé le choc de plein fouet subi par l’économie azuréenne. Un accident n’arrive jamais au bon moment, mais celui-ci est intervenu alors que 2020 avait bien démarré, y compris pour l’emploi.
"Le plus inquiétant, c’est le ressenti de nos chefs d’entreprise qui prévoient une baisse de -54% des carnets de commandes dans les prochains mois, qui estiment pour la moitié d’entre-eux qu’ils connaîtront une baisse du chiffre d’affaires et 18% que cet épisode aura un effet négatif sur l’emploi".
Mais les entrepreneurs sont habitués à réagir vite, ce qu’ils ont fait dans le cas présent, avec le soutien des pouvoirs publics, des collectivités, de divers organismes professionnels dont la CCI NCA. "Nous assistons à un redémarrage progressif de l’activité et aujourd’hui 44% des entreprises annoncent avoir une activité normale" assure le président de l’organisme consulaire. Cela ne consolera pas les 11% qui sont encore à l’arrêt total (métiers de la culture et de l’animation, tourisme, restauration etc.) et sur lesquels des nuages noirs continuent à stationner. "Le gouvernement a pris des mesures d’urgence qui ont porté leurs fruits. Nous avons maintenant besoin de mesures de relance et de soutien pour le moyen et le long terme car les grosses difficultés arriveront à la rentrée. Cette deuxième étape de sortie de crise sera longue et difficile. Il faudra des investissements pour générer du travail, les collectivités qui ont beaucoup donné seront encore sollicitées. La Covid-19 a coûté très cher, tout le monde devra faire des efforts".

>> Fabien Paul : "un outil pour piloter au plus juste"

Ancien président du tribunal de commerce de Nice, secrétaire en charge du Guichet Unique Entreprises à la CCI, Fabien Paul a présenté dans le détail
"My interactive data", le nouvel outil de l’Observatoire économique Sirius. "Nous ne savons pas encore quand aura lieu le pic de la crise, mais l’on sait déjà que cela va taper dur" pronostique Fabien Paul. "Pour l’instant, nous n’avons pas noté une explosion de l’ouverture des procédures collectives au tribunal, ce qui pourrait intervenir plus tard, à la fin des mesures
exceptionnelles prises pour éviter un crash, telles le PGE et les reports de charge
". Dans ce contexte extrêmement fluctuant, la CCI NCA s’est dotée d’un nouvel outil numérique mis à jour chaque mois et qui renseignera sur l’état réel de l’économie et de l’activité.
Les chiffres présentés sont validés par l’INSEE, l’URSSAF, l’OCDE, des partenaires officiels qui apportent toute garantie sur leur réalité et leur pertinence. Ils présenteront à l’échelle régionale et départementale les activités du commerce, des services, de l’industrie et des métiers de la construction en allant dans le détail.
"My data interactive" sera accessible aux chefs d’entreprise pour leur apporter des statistiques et des prévisions utiles pour le pilotage de leurs affaires. Les collectivités locales y auront également accès.
Ce service sera facturé.

Photo de Une : Conférence de presse du 9 juillet 2020 pour le bilan à ce jour de l’impact du Covid-19 sur l’économie azuréenne DR CCI NCA

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