Idiomes, pan bagnat, (...)

Idiomes, pan bagnat, sécurité, c’est le temps de la bouffaïsse

Au XIXème siècle, la nécessité de construire une République une et indivisible a conduit à des excès regrettables - voire condamnables - à l’aune de nos sensibilités actuelles. Elles étaient non seulement admises mais aussi comprises à l’époque par une société encore rurale. La langue française a donc été imposée partout sur le territoire, au besoin à coup de trique et de brimades, par des "hussards" laïcs ou des enseignants religieux peu regardants sur les méthodes pédagogiques. Deux siècles plus tard, la question des langues régionales continue à attiser le débat. Le Conseil constitutionnel vient de retoquer deux articles de la proposition de loi visant à promouvoir et à protéger ces idiomes par un enseignement immersif. à la grande colère de Bretons bretonnants, des Basques au béret vissé sur la tête, des Alsaciens aimant siffler leur bière accompagnée d’une délicieuse flammenkuche. La loi ne dit rien - du moins pour l’instant, sait-on jamais - sur notre pan bagnat et sur nos petits farcis. Mais il nous faut veiller à ne pas être ensuqué, car ce serait un coup à en avoir la bouffaïsse, non ?

En temps normal, un ministre de l’Intérieur se trouve dans son bureau de Beauvau lorsqu’une manifestation d’importance est organisée à Paris. Mais la semaine dernière, Gérald Darmanin était aux côtés des policiers descendus dans la rue - et devant l’Assemblée nationale, tout un symbole - pour appeler à "protéger ceux qui protègent la
République". Scène assez surréaliste, en fait. Si les policiers rencontrent de grandes difficultés sur le terrain (et se font parfois tirer comme des canards sauvages), c’est aussi parce qu’ils manquent de moyens. Que devrait leur fournir le ministre de l’Intérieur. Lequel a préféré faire de la politique en réaffirmant une autorité (?) auprès de ses troupes en allant défiler et donc en s’associant par sa présence à la fronde contre les magistrats accusés de laxisme. S’il devait y avoir une gué-guerre police-justice, ce serait la sécurité publique qui en pâtirait. Sécurité publique dont la responsabilité relève d’abord de...Beauvau, et qui ne se gagne pas forcément en allant défiler dans la rue.

Le Maroc a imité le sultan turc Erdogan en créant une crise migratoire dans l’enclave espagnole de Ceuta au nord du royaume, où 8 000 Marocains ont réussi à pénétrer sous l’œil passif de la police. Cet afflux s’explique par le fait que Madrid a accepté d’hospitaliser le chef du Front Polisario, vieil ennemi de Rabbat, les deux entendant contrôler le Sahara occidental. Les images qui ont fait le tour du monde de jeunes risquant la noyade - et parmi eux un nourrisson sauvé in-extremis par un policier espagnol - desservent à l’évidence le royaume chérifien. Il n’est pas le seul, en Méditerranée, à faire piètre cas de la vie humaine. Le "retour" précipité à défaut d’être volontaire de 6 000 personnes vers le Maroc ne sera pas suffisant pour rétablir la confiance...

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