Ils ont fait le choix de

Ils ont fait le choix de la reprise d’entreprise dans le 06 : cap sur l’aventure entrepreneuriale

La reprise d’entreprise est une véritable aventure entrepreneuriale. Si tel est votre projet, ce dossier vous apportera des conseils pratiques, testés et approuvés, pour étayer votre boîte à outil d’entrepreneur tout terrain…

Ils ont fait le choix de la reprise d’entreprise. Qui de mieux que des entrepreneurs pour partager cette expérience. Retours terrain et conseils pratiques autour de la reprise d’entreprise avec ce « dossier-boîte à outils » pour entreprendre.

Ils ont repris une pâtisserie-chocolaterie : Les Délices de Borriglione à Nice

Il y a deux ans et demi, Jocelyn Ballat fait le choix de la reprise d’entreprise avec sa femme. Cet ancien chef pâtissier de l’hôtel Hermitage à Monaco s’est installé à Nice dans le quartier Borriglione. Un changement de vie formateur au quotidien.

Le pâtissier-chocolatier Jocelyn Ballat ©CM

A 37 ans, Jocelyn Ballat est à la tête avec son épouse des Délices de Borriglione, une pâtisserie-chocolaterie très appréciée dans ce quartier éponyme de Nice. Une opportunité de reprise d’entreprise qu’il a saisie il y a maintenant plus de deux ans et dont il apprend encore chaque jour. « La reprise d’entreprise, c’est rentrer au sens large dans le métier du chef d’entreprise », commente Jocelyn Ballat. « Il y a des formations obligatoires à suivre avant la reprise d’entreprise, que l’on a fait auprès de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat. Mais à la longue, une fois que l’on s’est installé, nous nous sommes rendu compte que n’était pas suffisant. Pour ma part, il me manquait quelques bases de gestion. Même si aujourd’hui notre gestion convient, ce n’est pas notre métier à l’origine. On apprend sur le terrain, c’est formateur, mais on peut faire des erreurs qui peuvent nous coûter cher… On a pu manquer de connaissances pour être performant, pour reprendre des marchés. »

Pour compléter ce manque, le couple s’est attaché à trouver des formations complémentaires auprès de structures qui peuvent accompagner le chef d’entreprise : « depuis le début de notre reprise, nous sommes accompagnés par la plateforme “Nice Cote d’Azur Initiative” afin de nous apporter un soutien dans la gestion des questions sociales et financières. Je bénéficie aussi d’un accompagnement personnel par la plateforme “Entreprendre”, qui est un service interne aux Compagnons du Devoir, et qui accompagne tous les compagnons désireux de se mettre à leur compte et qui en font la demande. Ils ont été pour nous des acteurs importants dans la reprise du fond de commerce et sont encore un soutien aux moments où l’expérience d’un chef d’entreprise plus aguerri nous fait défaut », explique-t-il.

La Chocobox ©DR

• La maîtrise du cœur de métier ne suffit pas

Cet artiste du sucré, formé par les Compagnons du Devoir, en a fait le constat : « être à son compte aujourd’hui, en ayant des bonnes compétences, ça ne suffit pas. Savoir faire des gâteaux, je pensais que ça allait être essentiel. Ça l’est bien sûr, mais ce n’est pas suffisant. Même en reprenant une entreprise en bonne santé, c’est un bouleversement dans la vie. »

• Bien identifier sa clientèle

Lors de la reprise d’entreprise, il est primordial de vous adapter à votre nouvelle clientèle et de vous attacher à la connaître. Pourquoi ? Pour savoir comment leur présenter vos produits, comprendre leurs attentes mais aussi pour les rassurer. Il ne faut pas oublier que ce sont les clients qui décident de ce qu’ils vont acheter. A vous de trouver un compromis entre ce que vous voulez leur proposer et ce qu’ils ont envie de trouver. « Ce qu’attendent les clients dans notre pâtisserie-chocolaterie, c’est surtout d’avoir confiance dans notre maison, de pouvoir trouver un produit de qualité, qui soit régulier. Nos clients fidèles ne viennent pas forcément tous les jours, mais l’important c’est que même s’il y a du temps qui passe entre deux passages, ils aient la satisfaction de retrouver le produit qu’ils sont venus chercher : trouver d’un côté des nouveautés et toujours être rassuré en retrouvant les basiques pour lesquels ils reviennent », explique Jocelyn Ballat.

« A côté de ça, il y a aussi des choses qui sortent complètement du cadre de notre métier, mais qui font partie du métier de commerçant, comme passer du temps avec les clients. Borriglione est réputé pour être un quartier comme un petit village. On retrouve cette ambiance où il faut aussi entretenir les relations. Ce n’était pas du tout le cas dans ma précédente expérience. On l’a vite compris avec notre prédécesseur, qui était une personne très appréciée et très avenante avec la clientèle. Je n’étais pas du tout préparé à ça. On est toujours plus à l’aise devant nos fourneaux, mais c’est positif et ça me permet de sortir de ma coquille », sourit-il.

• Se positionner clairement sur un ou plusieurs marché(s)

Au-delà du fait de réussir à perpétuer ou modifier l’identité de l’entreprise que vous reprenez, il est important de vous positionner en termes de savoir-faire. « Pour nous, la ligne forte de notre identité, c’est de continuer à exercer de manière artisanale. On s’est donné des règles au niveau du choix de nos matières premières, des façons de travailler. Nous voulons rester des artisans et tout faire nous-mêmes », assure Jocelyn Ballat. « Notre ambition, c’est d’être performant sur le marché du chocolat. Nous avons déjà participé à plusieurs salons. Nous envisageons aussi de créer des évènements sur la boutique, avec des ventes privées par exemple. Cela permettra aussi de récompenser la fidélité de nos clients et de dynamiser notre boutique. » Savoir manier une communication de qualité est donc important, une autre facette de la palette de chef d’entreprise où il faut s’aguerrir.

• Le conseil en plus, issu de ce partage d’expérience

Trouvez votre équilibre et préservez-vous : même s’il faut se donner au maximum, il ne faut pas s’oublier. C’est sur la distance que vous ferez la différence.

Des Compagnons du Devoir à la reprise d’entreprise

Jocelyn Ballat : « c’est avec les Compagnons du Devoir que j’ai découvert le métier de pâtissier, c’est mon parcours de formation. Chez les Compagnons, on intègre qu’au-delà du métier, il y a aussi un état d’esprit autour du travail, qui se perpétue et qui nous fait développer une véritable passion pour la valeur « travail ». La formation en elle-même se fait toujours selon la tradition sous forme d’un tour de France. Pour moi, cela a duré 8 ans. 8 ans en voyageant, pour développer une ouverture d’esprit, avoir un éventail le plus large possible de connaissances et de savoir-faire.
Pour ma part, les voyages se sont faits exclusivement en France [le compagnonnage se modernise et propose des expériences à l’international pour les jeunes qui s’engagent aujourd’hui... D’autant plus que de nombreux métiers s’exportent, ndlr].
Ce Tour de France m’a quand même mené hors du pays… à Monaco. C’est là que j’ai passé mes 6 dernières années avant de reprendre Les Délices de Borriglione à Nice. C’est tout simplement en prospectant que l’on a trouvé cette proposition de reprise. Notre prédécesseur était déjà dans une bonne optique : c’était déjà une belle maison, réputée, déjà sous forme de pâtisserie pure et c’était vraiment ce que l’on recherchait mon épouse et moi.
On avait soit l’opportunité de la reprise, soit de la création tout simplement. Mais nous étions plus inquiets de la difficulté d’une création, du fait de partir de zéro : présenter un dossier sans passé pour les établissements bancaires, c’est plus compliqué. Dans le climat économique où l’on a repris, on s’est dit que ça serait sûrement plus sage de disposer déjà d’une clientèle, d’autant plus que nous reprenions un établissement qui était à l’équilibre financièrement. »

Aujourd’hui, 6 personnes travaillent pour Les Délices de Borriglione.

Le gâteau Morphea ©DR

Ils ont repris une entreprise de photographie aérienne : A vol d’oiseau à La Gaude

Il y a deux ans, Isabelle Landragin et Patrick Kaminski ont repris l’entreprise A Vol d’Oiseau. Un virage à 180° par rapport à leurs anciennes activités salariées et un nouveau challenge qui leur permet aujourd’hui d’allier créativité et entrepreneuriat.

Isabelle Landragin et Patrick Kaminski avec l’aérostat leur permettant de réaliser leurs photos aériennes ©DR

Dans cette entreprise, on prend de la hauteur. Spécialisée dans les photographies aériennes, A Vol d’Oiseau utilise un ballon captif gonflé à l’hélium (aérostat) pour prendre des clichés. L’inauguration de la Coulée verte et le record homologué par le Guinness Book du plus grand saxophone humain réalisé à Nice, voici deux exemples de moments immortalisés depuis le ciel par cette petite entreprise. Parmi leurs clients, on compte les secteurs public, du tourisme et de l’évènementiel, de l’immobilier et du privé (ils sont notamment en contrat avec Escota pour le suivi du chantier de l’autoroute de l’entrée de Nice).

Isabelle Landragin et Patrick Kaminski avec l’aérostat leur permettant de réaliser leurs photos aériennes ©DR

L’arrivée dans cet univers a débuté par la volonté d’Isabelle Landragin de quitter le monde salarié. Elle souhaitait changer de secteur, sans savoir alors vraiment où s’orienter. Avec de solides bases en gestion, cette ancienne salariée dans la finance s’est spontanément intéressée à la reprise d’entreprise. Elle sera rejointe par la suite par son conjoint, alors salarié spécialisé dans l’informatique. Elle a décidé de suivre le parcours Reprendre une entreprise dans le 06 avec l’IRCE (Institut Régional pour la Création et le Développement des Entreprises) : « j’ai fait cette démarche avant d’avoir trouvé l’entreprise. C’est une formation complète. Pour la partie évaluation de l’entreprise ça allait à peu près, mais il y avait toute une partie sur les négociations lors du rachat qui m’a beaucoup appris. Il faut s’entendre avec le vendeur, que l’activité convienne, que les conditions financières conviennent. Ce n’est vraiment pas tout le monde qui trouve, cela reste complexe comme expérience », nous confie-t-elle.

• A la recherche de la bonne offre de reprise : savoir faire le tri

La Chambre de Métiers et de l’Artisanat (CMA) et la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) sont vos alliés : les listes de cessions-reprises d’entreprises sont remises à jour régulièrement, sans oublier Soirée Transmission-Reprise d’Entreprise organisée chaque année par la CCI Nice Côte d’Azur (la dernière était en décembre 2014).
C’est à la CMA qu’Isabelle Landragin a trouvé l’offre de Pierre Béhar, le fondateur de l’entreprise A Vol d’Oiseau. Un vrai coup de cœur pour l’originalité du cœur d’activité, pour ce couple déjà intéressé par la photographie. « Nous sommes tombés sur la bonne annonce au bon moment. L’entreprise était déjà en bonne santé, mais son fondateur souhaitait changer de secteur d’activité lui aussi ! Ce que nous retenons en tout cas, c’est qu’il faut vraiment en prendre et en laisser dans les annonces de reprise d’entreprise. Les revendeurs mettant souvent – surtout s’ils sont fondateurs – beaucoup d’affect dans leur entreprise, il y a souvent un bel écart entre la valeur affective et la valeur réelle de l’entreprise. Cela peut donc parfois s’avérer compliqué de discuter avec les vendeurs car on n’a pas la même vision des choses », rappelle-t-elle.

• Bien gérer son budget et savoir bien s’entourer

Il est primordial de bien gérer son budget dès le début : « il faut savoir qu’entre le moment où l’on commence à travailler et le moment où l’argent rentre, cela dépend des activités mais pour nous qui travaillons avec des professionnels, nous sommes payés plutôt à 60 jours. Il faut donc bien gérer sa trésorerie », explique Isabelle Landragin. « De plus, il faut faire attention aux partenaires, prestataires et fournisseurs dont vous vous entourez. C’est aussi important que la reprise en elle-même. Dans notre domaine, si notre matériel casse, on ne peut plus travailler. Il faut avoir des fournisseurs réactifs qui vous procurent du matériel de qualité, avec qui vous pouvez travailler en confiance. Il en est de même avec votre comptable, votre avocat, etc. Il faut être sur la même longueur d’onde. » Attention donc aux économies de bouts de chandelles qui pourraient au final vous revenir très cher.

Vue de Nice © A Vol d’Oiseau

L’entreprise gérée par Isabelle Landragin et Patrick Kaminski poursuit aujourd’hui son développement en diversifiant ses activités : certification Google Maps pour la réalisation de visites virtuelles de boutiques et entreprises, préparations d’ouvrages et vente de posters de nos paysages azuréens… Ils continuent leur belle envolée.

• L’anecdote en plus, issue de ce partage d’expérience

Une anecdote qui vous fera sourire, racontée par Isabelle Landragin : « Pierre Béhar, qui nous a vendu son entreprise, a vu son plan de déménagement tomber à l’eau et s’est retrouvé sans projet professionnel suite à la vente. Nous l’avons donc invité à une des réunions « bourse de reprise de la CCI » auxquelles nous participions avec mon groupe de « repreneurs potentiels » issu de l’IRCE. Il a participé à une seule session et a rencontré la personne qui lui a cédé à son tour son fonds de commerce, après que son annonce soit restée de long mois sans repreneur. Pour Pierre, ça a été un coup de cœur et il a signé 4 mois après, le temps de monter le dossier… Aujourd’hui il est courtier en bateaux sur le port de Mandelieu et nous venons de réaliser la visite virtuelle Google de son agence. » La boucle est bouclée…

Vue de Nice © A Vol d’Oiseau

Il a repris une carrosserie : CMH Luxury Carrosserie à Cagnes-sur-Mer

Entrepreneur en France et en Grande-Bretagne, Mohamed Chamkhia a repris il y a trois ans une carrosserie à Cagnes-sur-Mer. Aujourd’hui, cette entreprise s’appelle CMH Luxury Carrosserie. Retour sur une expérience riche en rebondissements.

Mohamed Chamkhia, à la tête de CMH Luxury Carrosserie ©CM

Après avoir travaillé pendant 11 ans dans une carrosserie en gravissant les échelons un à un, Mohamed Chamkhia a vu son évolution bloquée par sa hiérarchie de l’époque. Un revers qu’il a su transformer en quittant son travail et en reprenant une entreprise de carrosserie… à quelques mètres de son ancien employeur.

Aujourd’hui à la tête de son entreprise et d’une équipe de 4 personnes, il se souvient du chemin parcouru pour en arriver là : « après avoir démissionné, j’ai pu bénéficier de l’ARCE (Aide à la reprise ou à la création d’entreprise) via un très bref passage d’un mois chez Pôle Emploi, avant de reprendre la carrosserie. C’était une aide de 5 000 euros pour les jeunes entrepreneurs. J’ai aussi suivi un stage de 5 jours à la Chambre des Métiers et de l’Artisanat, pendant lequel des bases en comptabilité, gestion et autres vous sont transmises. »

Il poursuit : « quand j’ai repris l’entreprise, j’ai gardé deux personnes qui avaient de l’ancienneté et j’ai développé mon équipe. J’ai embauché 7 personnes en plus à l’époque. J’ai beaucoup investi en matériel également. La carrosserie tournait bien, on pouvait tout à fait se le permettre. »

Les taxes et les charges qui ont pesé sur l’entreprise, déjà importantes mais intégrées dans la trésorerie à sortir, ont cependant contribué à déstabiliser les comptes. Pour cette carrosserie basée sur le luxe, l’achat de pièces pour certaines marques luxueuses de voiture de sport n’est pas compatible avec un délai de paiement à 30 jours fin de mois... « Nous avons dû sortir beaucoup de trésorerie « en direct » pour faire d’importantes réparations et deux semaines plus tard, les charges à payer sont arrivées », se souvient-il. « Il nous a fallu plus de 8 mois pour redresser la barre. »

• Trouvez le comptable qui saura vous conseiller

Notre entrepreneur convient avoir déjà beaucoup appris depuis la reprise de cette carrosserie : « ce qui m’a le plus manqué, c’est un partenaire qui m’aide. J’avais pris à l’époque un comptable qui ne m’aidait pas plus que ça et ne m’appelait que pour me donner les montants de TVA et de charges à payer. Je suis à fond dans mon travail et à côté, j’aurais aimé un partenaire qui me soutienne et qui m’aide surtout à anticiper. »

• Dialoguez, échangez et soyez à l’écoute

Pour lui, échanger avec ses partenaires prestataires, avec ses clients, tout comme le dialogue avec les employés sont des choses simples et absolument essentielles pour le bon fonctionnement de l’entreprise. « Il ne faut pas s’en éloigner, au contraire. Le dialogue, c’est ce qu’il y a de mieux pour avancer dans la vie », sourit-il.

• Le constat en plus, issu de ce partage d’expériences


Un an après avoir repris la carrosserie en France, Mohamed Chamkhia a ouvert à Londres une seconde carrosserie - Café Racer - ainsi qu’un café attenant du même nom. « Quand je suis allé à Londres pour la première fois, j’ai eu un vrai coup de cœur. Pour l’ambiance qui y régnait et surtout parce que j’y vois des gens se démener pour travailler. Ici en France, c’est incomparable, on est vraiment dans un système qui n’incite pas les gens à se lever le matin. Le climat en France est vraiment favorable pour les employés, pas pour les patrons. J’ai beaucoup investi en France. Mais tant que ce climat et ce système resteront tels qu’ils sont, je n’investirai plus. Les charges qui pèsent sur les entrepreneurs, l’assistanat, la morosité qui en découle ne me donnent plus envie de développer : aujourd’hui, mon entreprise ici fonctionne bien, je paye mes charges, mais je n’ai plus envie du tout d’investir en France. Si j’investis, ce sera ailleurs. »

Contacts utiles

IRCE
Nice la Plaine 1, Avenue Emmanuel Pontremoli
Nice
Téléphone : 04 93 18 86 18

CMA 06

81 avenue Léon Bérenger
Saint-Laurent-du-Var
Téléphone : 04 93 14 16 14

CCI Nice Côte d’Azur
20 Boulevard Carabacel
Nice
Téléphone : 0 820 42 22 22

Initiative Nice Côte d’Azur
ZA Nice la Plaine 1
Avenue Emmanuel Pontremoli
Bât. C2 - 3ème étage
Nice
Téléphone : 04 93 62 03 03

Photo de Une : Le cadran situé à la pointe Rauba Capeù à Nice © A Vol d’Oiseau

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