Journaliste, mon frère,

Journaliste, mon frère, tu es de plus en plus transparent...

Je t’aime, moi non plus. Les Français n’ont pas attendu la crise des gilets jaunes pour afficher leur désamour avec les médias. Les journalistes et les "politiciens" occupent régulièrement les dernières places dans le classement des métiers et fonctions les moins appréciés.
Une crise de confiance qui s’est aggravée depuis l’émergence des réseaux sociaux, sensés dans l’esprit du plus grand nombre de "dire la vérité, toute la vérité" quand le doute plane sur le contenu des journaux, des reportages radio et télé, tous suspectés d’être à la solde du pouvoir, d’entreprises, de groupes divers.
Roms "voleurs d’enfants"... : les exemples de fausses rumeurs propagées à la vitesse de l’éclair sur les canaux numériques sont légion. Leur
aspect spectaculaire et la théorie du complot, très répandue, les rendent d’autant plus crédibles que la "vraie" presse n’en parle évidemment pas. Les journalistes, qui donnent la parole à toutes les parties, sont donc accusés de cacher ou de travestir. Et comme ils sont les messagers des mauvaises nouvelles, l’amalgame est vite fait.
Il y a, bien sûr, comme dans toutes activités, des dérapages chez les journalistes "encartés". La profession est la première à les dénoncer : il y a quelques jours, la rédaction d’un quotidien national a ainsi voté une "motion de défiance" à sa direction pour avoir accepté le parrainage publicitaire d’un pays pas vraiment démocratique.

Pas de réflexion critique, en revanche, dans les groupes de pression agissant sur le Net. Tout simplement parce qu’ils ne sont pas là pour éclairer, apporter les nuances, mettre en perspective, mais pour délivrer des messages, véhiculer une idéologie, désigner des coupables à la vindicte populaire, et en premier lieu les journalistes dont certains ont été "boxés" pendant les manifestations des gilets jaunes justement parce que journalistes...

Face au désamour de la profession, l’ancien P.d.-g de l’AFP Emmanuel Hogg a été chargé par le ministère de la Culture d’un rapport sur la nécessité de créer un "conseil de déontologie des médias".
Conseil qui ne disposerait pas, en cas de manquement éthique ou déontologique, d’un pouvoir de sanction, mais qui serait chargé de proclamer publiquement les manquements pour améliorer la crédibilité des médias.
Après tout, pourquoi pas en France un tel pouvoir d’auto régulation de la profession, qui existe d’ailleurs dans dix-huit autres pays de l’Union européenne ? Il serait d’autant plus utile et crédible si les plateformes et les sites sur internet en faisaient aux aussi partie...
La question de l’utilité d’un tel conseil mérite cependant d’être posée. Le sujet est sensible car la tentation peut être grande d’effectuer un contrôle des journalistes et des médias, comme à l’époque pas si lointaine de l’ORTF lorsque les voix discordantes étaient placardisées ou carrément virées...
Ce qui est certain, c’est que ceux qui font leur travail "dans les règles de l’art" doivent déjà répondre de leurs actes, écrits, paroles et images devant leurs employeurs, devant leurs collègues, et surtout devant leurs lecteurs, auditeurs, téléspectateurs et autres "youtubeurs", ce qui constitue à la meilleure des garanties de transparence.

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