L'art de communiquer

L’art de communiquer

"Le XXIème siècle sera religieux ou ne sera pas". Cet aphorisme attribué à André Malraux est sans doute vrai. Le ministre du général de Gaulle aurait aussi pu ajouter : "et celui de la communication" tant celle-ci est omniprésente dans nos vies connectées.

Mais la façon de communiquer en dit au moins aussi long que le message lui-même.

Elle peut être royale et littéraire, à la manière de "mon général" qui émaillait ses conférences de presse de mots étranges comme "volapuk" ou "chienlit". Elle peut être fine et alambiquée, à la façon de François Mitterrand, dont le verbe demandait parfois à être analysé tant les nuances avaient de l’importance chez ce Florentin né à Jarnac en Charente.
Elle peut être péremptoire et à l’emporte-pièce, comme avec Nicolas Sarkozy, qui peinait à cacher plus de deux secondes un tempérament bouillonnant. Elle peut aussi être faite de vraies fausses confidences, et de petites blagues, comme avec François Hollande qui a autant amusé que parfois exaspéré son entourage pour un bon mot, sachant au besoin être cruel sans avoir l’air d’y toucher.
Avec Emmanuel Macron, c’est tout autre chose : lorsqu’il ne s’enferme pas dans un mutisme incompréhensible comme au départ de l’affaire Benalla, il utilise un ton d’évidence qui semble vouloir dire "moi je sais ce qui est bon pour le pays". Il donne l’impression de ne pas souffrir la contradiction. À deux doigts de l’arrogance innée d’une classe intellectuelle bien éduquée et diplômée, qui ne s’encombre pas trop des avis de "la base" (cf. l’absence de concertation de la loi de réforme de la Justice qui a vu les Barreaux descendre dans la rue pour dire "coucou on existe, on a quand même des choses à dire sur le sujet...").
Il est un peu moins heureux que certains de ses prédécesseurs avec des expressions qui doivent marquer les esprits : "jupitérien", "premier de cordée", "Qu’on vienne me chercher" ou "un pognon dingue" (pour les aides sociales) ont sans doute davantage agacé que convaincu dans les chaumières comme dans les beaux quartiers.
Il aime aussi le billard à trois bandes. Vous savez, l’enregistrement d’une réunion à laquelle il participe en bras de chemise, et qui est balancé comme ça, l’air de rien, sur les réseaux sociaux pour montrer à quel point le président est jeune, dynamique, parle comme tout le monde, a des idées sur tout.
Cette façon de distiller la pensée présidentielle relève du gadget. Comme autrefois ce bon VGE qui s’invitait à dîner dans "la France profonde".

Le problème, c’est que les Français ne sont pas dupes. Ils voient arriver la ficelle grosse comme un camion. Les communicants de Macron ont donc des devoirs de vacances cet été, pour recaler la parole d’un patron qui n’aime pas être bousculé. Ils ont du pain sur la planche.

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