L'été vraiment horribilis

L’été vraiment horribilis d’Eric Dupond-Moretti

Si tous les cardiologues et pneumologues du monde peuvent vous affirmer que fumer est dangereux, celui qui est encore le mieux placé pour vous mettre en garde est... un ministre suédois.
Un soir, se retrouvant à la fois à court de cigarettes et de menue monnaie, il a utilisé en revenant chez lui la carte bancaire de son administration pour se payer son paquet de clopes. Il a remboursé la somme empruntée la nuit même, rubis sur ongle, par un virement de son compte perso sur celui de son ministère.
Mais dans ce pays à la fois nordique et rigoriste, cette attitude a été jugée pour le moins cavalière, et son excellence a démissionné de lui même de son poste lorsque ce "scandale" a été porté à la connaissance du bon peuple.
En France, fort heureusement, nous sommes bien à l’abri de ces excès. Eric Dupond-Moretti, dont le comptable a oublié de déclarer 300 000 euros pour ses cachets du temps qu’il se trouvait plus souvent sur les planches des théâtres que dans les prétoires, en sait quelque chose. A Paris, on peut manifestement être à la fois à la tête d’un ministère régalien qui fait condamner les fraudeurs fiscaux, et étourdi au moment de sa déclaration.
300 000 euros, c’est si peu de chose finalement... La somme ne représente que 244 mois de smic net, soit vingt années de travail pour 17% des salariés français.
En passant de la robe noire au costume cravate de la place Vendôme, EDM aura pu mesurer le côté implacable du monde politique qui sanctionne "comptant" le moindre loupé.
Je veux bien croire que le garde des Sceaux est un honnête homme et que son comptable est distrait. Mais je n’imagine pas un instant le général de Gaulle oubliant de faire sa déclaration de revenus.
Déjà fragilisé par une gamelle électorale dans les Hauts-de-France où il avait été envoyé (en catastrophe) pour tenter de sauver la Macronie d’un naufrage annoncé et du double péril RN et Xavier Bertrand pour le président sortant, le ministre de la Justice passe décidément un mauvais été. Avec une convocation devant la Cour de Justice de la République et une probable mise en examen pour "prise illégale d’intérêt", maintenant cette affaire fiscale et le courant qui décidément ne passe pas avec les magistrats et nombre des anciens confrères du barreau. Il se retrouve maintenant face à sa conscience et doit se poser la question de sa légitimé à un poste aussi sensible qui demande, comme la femme d’un César, d’être absolument irréprochable.

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