L'herbe n'est pas toujour

L’herbe n’est pas toujours plus verte chez les voisins...

Le malheur des uns... relativisera peut-être les déconvenues des autres. L’éditorialiste montréalaise Denise Bombardier raconte dans son journal le "foirage 5 étoiles" de la campagne de vaccination dans son pays : "En décembre, nous étions fiers et rassurés d’être Canadiens. Privilégiés également de recevoir cet antidote avant la très grande majorité des citoyens de la planète". Mais les promesses n’ont pas été tenues. "Soudainement, après les Fêtes, nous avons déchanté lorsque les "ministres se relaient pour expliquer l’inexplicable". Des vaccins qui n’arrivent pas... Là-bas aussi, il y eut des loupés, et l’Europe n’y était pour rien...
Il a aussi été beaucoup question de la Suède qui avait décidé, au début de la pandémie, de ne pas confiner, visant l’immunité collective. Un pari risqué et... perdu. Un an après, la situation n’est pas meilleure que chez nous, avec le même nombre - sinon davantage - de morts par habitants, et une crise de confiance à la clé pour les autorités.
Dans ce royaume nordique, la campagne de vaccination a, comme partout, de gros ratés. Mais ils prennent là-bas une dimension scandaleuse avec une campagne de vaccination qui dérape sur des intérêts particuliers alors que le pays est le chantre de la lutte contre la corruption. La presse a ainsi révélé que des directeurs de plusieurs Ehpad ont fait vacciner leurs proches non prioritaires et que dans le plus réputé des hôpitaux de Stockholm deux médecins appliquant à la lettre le principe de précaution ont grillé la priorité en recevant le vaccin alors même qu’ils ne travaillent pas au contact des malades de la Covid. Dans le sud du pays, 160 chefs de services et personnels des services d’aide aux personnes handicapées ont aussi appliqué le précepte de "la charité bien ordonnée" puisqu’ils ont été vaccinés contre quinze personnes seulement dont ils ont la charge...

Si l’Europe a acheté les vaccins - et surtout négocié les prix avec les laboratoires - l’organisation de la campagne vaccinale relève de la seule responsabilité des pays. Et à voir les chiffres, il n’y a pas forcément "quelque chose de pourri au royaume du Danemark", puisque Copenhague fait beaucoup - beaucoup mieux que ses grands voisins...
En revanche, le vieux continent s’honorerait à faciliter l’abandon des droits de propriété sur le vaccin. Cela permettrait aux pays pauvres de le produire et de l’administrer à leurs populations qui ont droit elles aussi à la santé. Car s’il est normal que la recherche soit rémunérée, encore faudrait-il que ce soit "dans des proportions raisonnables", ce que n’indiquent pas les chiffres des bénéfices récemment publiés par Pfizer...

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