La manie du remaniement

La manie du remaniement pour sortir de la scoumoune

Que, même avec retard, Laura Flessel soit partie remplir sa feuille d’impôt n’a, politiquement, que peu d’importance : cela fait juste un peu désordre au moment où est voté une nouvelle loi sur la fraude fiscale...
Mais que Gérard Collomb ait pris son billet retour pour la capitale des Gaules, en imposant sa démission au président, met gravement en défaut l’autorité du chef de l’État. Cela s’ajoute au départ de Nicolas Hulot, qui avait aussi claqué la porte en annonçant en direct à la radio son ras le bol...
Nous en sommes donc à sept ministres, dont quelques poids lourds de la Macronie, qui ont fait leurs valises. En un an et demi, cela fait beaucoup, même s’il n’est pas anormal que des états d’âme fassent surface après quelques mois de pouvoir.
Ces départs "inopinés", mais surtout mal gérés, accentuent le sentiment de trouble qui s’est répandu même parmi les plus fidèles du président. On est bien loin maintenant de ce Jupiter parcourant au soir de son élection l’Olympe de la cour carrée du Louvre, dans une mise en scène théâtrale. Et l’on se demande où est passé l’Emmanuel Macron dont la parole rare, et donc précieuse, avait quasiment valeur d’oracle.
Que des fidèles parmi les fidèles comme Gérard Collomb quittent l’équipe gouvernementale en dit long sur le malaise. Une irrépressible attirance pour Lyon n’explique pas seule ce lâchage. L’ancien ministre de l’Intérieur n’était pourtant pas pour rien dans l’élection du président. Il avait duré - et enduré sous les coups quelquefois bas - jusqu’à ce qu’il craque, répandant ses doutes dans la presse, parlant d’un hôte de l’Élysée isolé et devenu inaccessible.
Chacun a déjà vécu des moments pendant lesquels rien ne va, où quoique l’on fasse tout se retourne contre vous. C’est ce qui arrive en ce moment à Emmanuel Macron. L’affaire Benalla a ouvert cette période noire à un moment où l’image du président commençait déjà à s’altérer.
Les petites phrases de François Hollande faisaient sourire. Celles de Macron agacent, depuis le "pognon de dingue" jusqu’à la traversée de la rue "pour trouver un emploi". Chez ce garçon bien né, bien éduqué, à qui jusqu’à présent tout a réussi, elles signent une incompréhension de la situation des gens en situation modeste ou fragilisés. Et le doigt d’honneur d’un braqueur (présumé, on n’a pas été vérifier) immortalisé par un selfie incontrôlé ajoute encore à cette scoumoune.
Pour redevenir un président "normal", Emmanuel Macron n’a donc eu d’autre
alternative que de remanier "profondément". Il faudra aussi qu’il perde cette habitude de faire la leçon à tout bout de champ en traversant la rue pour apostropher les gens. Parce que les dossiers qui l’attendent - la réforme des retraites en particulier - sont suffisamment explosifs pour, qu’en plus, on ne s’amuse pas à jouer avec les allumettes...

deconnecte