Le lion, le vaccin (...)

Le lion, le vaccin et le colimaçon

"Un mal qui répand la terreur,
Mal que le Ciel en sa fureur
Inventa pour punir les crimes de la terre,
La Covid (puisqu’il faut l’appeler par son nom)
Capable d’enrichir en un jour l’Achéron,
faisait aux animaux la guerre
".
Qu’ils portent poils, plumes ou écailles, tous se réunirent rue de Ségur, pour limiter la propagation du virus, et place Vendôme, pour ne pas trop limiter leurs libertés individuelles.
- Et quoi donc, dit le lion. Moi, le roi des animaux, jeune et en pleine santé, avec de bonnes défenses immunitaires, aurais-je donc aussi besoin d’une vaccination ?
Oh que non Messire ! lui répondit l’assistance apeurée et impressionnée par les rugissements que le félidé à crinière pousse chaque samedi dans les rues.
- "Diantre, devrais-je moi aussi présenter mon échine à l’aiguille ?" interrogea le féroce mâtin. "Je saurais bien me défendre tout seul, et puis voyez vous je n’ai pas très confiance dans les médications. Dans le doute, je préfère donner un bon coup de dent !"
Vous, une aiguille ? Mais pas du tout, cela ne saurait concerner un aussi bel esprit répondit l’assemblée tremblante devant le molosse.
- "Moi, pour pouvoir continuer à aller brouter tranquillement dans les prés, j’ai accepté de recevoir deux doses de ce fameux élixir dont certains disent grand bien" expliqua à son tour le taureau en faisant rouler la puissante musculature de son encolure.
Fort bien, vous eûtes assurément raison, répondirent en cœur les autres animaux pour lui éviter d’entrer en fureur.
- "Pour ma part, j’ai de grands doutes" chuchota à son tour le colimaçon qui se poussa du col en se glissant au milieu de cette foule. "Je sais de source sûre par le cousin de mon beau-frère qui l’a lu sur les réseaux sociaux que votre vaccin tant vanté et qui enrichit les laboratoires aurait des effets secondaires fort indésirables. Il ferait fondre les coquilles et pousser des jambes. Mais de cela, bien sûr, la presse ne pipe mot. C’est un complot. Alors pour moi, non merci. Les chiffres sont truqués et je crie à bas la dictature sanitaire !"
A ces mots, la docte compagnie se sentie envahie par d’une soudaine colère.
"Quoi ? Comment ? Fichtre ! Un simple colimaçon voudrait nous faire la leçon ? Qu’on le saisisse et vaccine sur le champ !" Joignant le geste à la parole, ils s’emparèrent de la bestiole et lui administrèrent illico une dose d’AstraZeneca, une de Moderna et trois de Pfizer, car on ne sait jamais.
Et c’est ainsi, foi d’animal, que l’on réussit à réduire la contamination de la Covid chez les animaux.
Car au bout de cette histoire, chacun comprit que s’ils "n’en mouraient pas tous, tous étaient frappés". Sans autre forme de procès, et cela que vous soyez puissants ou misérables...

J.-M. CHEVALIER
PS : que ce bon Jean de la Fontaine veuille bien me pardonner...
Et, peut-être, m’enverra t-il une petite note au nom des droits voisins pour ce texte assez éloigné de l’original.

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