Les leçons trop vite (...)

Les leçons trop vite oubliées de la boîte de conserve

Nous avons injustement un peu oublié Nicolas Appert (1749-1841) à qui nous devons l’invention de la boîte de conserve. Bien avant Pasteur, à une époque où n’existaient ni congélation ni lyophilisation, cet inventeur avait mis au point le procédé qui permettait de garder longtemps les aliments sans altérer leur qualité nutritive et leur goût. Parce qu’ils battaient les mers pendant de longues campagnes, les amiraux de la flotte de Napoléon s’y intéressèrent. Leurs marins, jusqu’alors victimes d’empoisonnements par des nourritures corrompues et de scorbut, purent enfin manger à leur faim et sans danger. C’est pour cela qu’en 1809 le ministre Montalivet proposa à Appert soit de prendre un brevet, soit d’offrir sa découverte à l’humanité. Plutôt que de devenir riche, ce fut cette deuxième solution que l’inventeur choisit.

Autres temps, autres mœurs...

La "grande" épidémie de H1N1 qui remonte à 2009 est déjà oubliée. Elle avait provoqué une forte fièvre sur la fourniture de vaccins. Alors que Roselyne Bachelot signait les bons de commande à tour de bras "au cas où", une folie spéculative s’est emparée des laboratoires qui vendaient à prix d’or leurs produits en Asie.
Aujourd’hui, certains traitements sont proposés à des prix exorbitants parce qu’ils n’ont pas de concurrent, ce qui au final laisse le choix entre payer (pour ceux qui peuvent) ou mourir. Cela est particulièrement vrai aux états-Unis où le sens des affaires est une seconde nature, une quasi religion qui ne s’embarrasse guère de considérations éthiques.
En France, le président Macron a encore une vision "appertienne" de l’humanité, affirmant que le (futur) vaccin contre le Covid-19 sera un bien commun, qui devra être accessible à tous. Bravo. Quelques inquiétudes tout de même, lorsque l’on constate l’état d’esprit d’industriels comme Sanofi, qui ont imaginé réserver aux US les (futurs) vaccins fabriqués aux US, à l’Europe les (futurs) vaccins fabriqués en Europe, et qui ne disent encore rien des prix qui seront pratiqués. Le marché de l’offre et de la demande...
Les ultra libéraux, qui vouent les États aux gémonies, ne crachent cependant pas sur les subventions publiques. Je vous fiche mon billet qu’après le temps de la R&D déjà sous perfusion d’aides publiques viendra celui de la vente des (futurs) vaccins eux aussi subventionnés pour en réduire le "reste à charge" des assurés sociaux.
Dans cette histoire de virus et de gros sous, on déplore que l’Europe comme entité politique soit aux abonnés absents. Ses valeurs auraient pu lui permettre de remettre l’humain au centre, plutôt que le business effréné qui nous a déjà conduit dans le mur.
Nicolas Appert, reviens !

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