MIPIM 2018 - Vers le (...)

MIPIM 2018 - Vers le bâtiment 4.0, entre IA et biodiversité, éthique et progrès

Big Data, BIM et intelligence artificielle (IA) ont nourri les débats de cette 29ème édition du MIPIM réunissant à Cannes du 13 au 16 mars 2018 plus de 100 pays représentés, 3 100 sociétés exposantes, plus de 5 300 investisseurs internationaux et 24 200 participants. Le monde de l’immobilier s’avère plus que jamais décidé à bousculer les schémas structurels en marche numérique accélérée pour réinventer les villes de demain. Cette révolution technologique répond-elle vraiment aux besoins des futurs habitants ? Entre fervents adeptes de l’internet des objets pour un confort accru des usagers et écologiques militant en faveur d’un retour de la nature en ville à tous les étages, quels projets urbains sauront s’imposer comme des modèles exemplaires du mieux-vivre ensemble ?
Regards croisés des grandes métropoles à l’échelle internationale.

L’intelligente artificielle au cœur de la révolution du bâti

Emmanuel Macron en a fait son nouveau cheval de bataille. Après la remise du rapport sur l’intelligence artificielle du mathématicien et député (LREM) Cédric Villani le 29 mars dernier, le Chef de l’État a confirmé le déploiement jusqu’en 2022 d’un plan Intelligence artificielle doté de près de 1,5 Md€ de crédits publics dont une enveloppe de près de 400 M€, dévolue à des appels à projet et de défis d’innovation de rupture. L’objectif ? Faire de la France l’un des acteurs majeurs en matière d’intelligence artificielle (IA) pour faire face aux géants du numérique américains et chinois. Une disruption nécessaire au-delà des clivages et fantasmes collectifs, pourvoyeuse d’innovation compétitive et d’emplois. Quid de la vision des bâtisseurs à l’égard de l’IA ? Suprême Graal aussi ou boîte de Pandore ?

Rand Hindi (D.Rt)

Revenons à la genèse du concept. Il immerge dans les années 1950 avec les travaux d’Alan Turing, qui s’interroge sur les capacités de la machine «  à penser  ». Le développement croissant des technologies informatiques et des techniques algorithmiques ont permis la réalisation de programmes informatiques surpassant l’homme dans certaines de ses capacités cognitives emblématiques : le jeu d’échecs en 1997, le jeu de go en 2016 et le poker en 2017. L’Intelligence Artificielle (IA) poursuit son déploiement surtout aux États-Unis sous l’impulsion notamment de John McCarthy, au MIT qui invente le terme en 1956 et de Marvin Minsky, à l’université Carnegie-Mellon.

Pour Rand Hindi, Docteur en bio-informatique, membre du Conseil National du Numérique et co-fondateur de la start-up SNIPS, intervenant sur ce thème lors d’une conférence organisée par Bouygues Immobilier durant le salon : "Il s’agit avant tout de permettre à la machine de reproduire un comportement humain en combinant diverses techniques s’appuyant sur les sciences cognitives (réseaux neuronaux) comme la reconnaissance visuelle et le "machine learning" dans la continuité du "deep learning" qui permet à la machine en utilisant des algorithmes de créer son propre langage. Elle peut ainsi assurer de façon automatisée les tâches qui lui sont commanditées par l’humain. Les data obtenues, compilées et croisées sont traitées de façon à simuler et stimuler son intelligence artificielle. La machine est totalement dénuée de conscience et ne sera jamais capable de reproduire à 100 % la complexité de l’intelligence humaine. Le vrai débat repose sur le mauvais usage que pourrait en faire l’homme."

La smart city à l’horizon 2020 : un marché mondial de 147,5 milliards de dollars

À l’heure où l’IOD envahit notre quotidien, - plus de 80 milliards "d’objets" seraient connectés d’ici 2020 selon Cisco et Gartner Group, générant 44 000
milliards de gigaoctets de données, la question éthique de la protection de la vie privée, reposant sur la responsabilité collective humaine reste sujet à polémique. Le marché mondial de la Smart City devrait atteindre de son côté, 147,5 milliards de dollars en 2020 avec une croissance de plus de 23 % par an et un chiffre d’affaires mondial des technologies smart grids qui avoisinerait 70,2 milliards de dollars en 2023.(Enquête 2016 menée par Markets and Markets & Navigant Research aux États-Unis ). Les professionnels du bâtiment se veulent rassurants. L’intelligence artificielle intégrée au sein d’immeubles résidentiels ou tertiaires permettrait de développer d’innombrables services en faveur du bien-être des usagers tels que la sécurisation automatique de leurs logements (serrures NFC, tags), la domotisation pour faciliter le quotidien, colis et courses livrés à domicile, gestion des dépenses énergétiques à distance (réglage de l’éclairage, de la température ambiante, alertes en cas de fuite ou de début d’incendie) à l’instar des solutions déployées par la société Ubiant. "Les workers" de leur côté se verraient soulagés de certaines tâches administratives chronophages (planification de rendez-vous, réservation de salles de réunions.) optimisant leur temps. Un confort d’usages attractif au quotidien qu’offrira dès 2021, l’immeuble tertiaire Sways, réalisé par Bouygues Immobilier, au 48-54 rue Camille Desmoulins à Issy-les-Moulineaux.

Sways, 1er immeuble totalement digital et éco-responsable en France

Conçu tout en verre par l’Agence Architecture Anthony Béchu, Sways préfigure une nouvelle génération d’immeubles aux vocations plurielles visant l’excellence (obtention à terme des certifications BREAAM excellent, WiredScore, Ready2services, reconnues au plan international).

Coiffé de 2 200 m2 de toitures végétalisées, doté de 1 600 m2 de terrasses et balcons accessibles aux étages, le bâtiment (R+8) est à la fois "Green Office", "Smart Office" et "Living Services". Il abritera 40 776 m2 de bureaux connectés (services dédiés à la connectivité et applications IOT) et de commerces, un hall central polyvalent avec un Wellness Center, ouverts aux habitants du quartier, une offre de restauration sur 2 niveaux un espace collaboratif modulaire "living square" intégrant notamment un café, un coin
détente, un auditorium des étages fonctionnels et flexibles.. Bref, "En termes de data et d’intelligence artificielle (in & out), c’est l’immeuble qui est le plus avancé aujourd’hui dans ce domaine en France. Tous les espaces à chaque étage communiquent entre eux.", souligne Laurent Fléchet, Directeur Général Délégué de Primonial REIM qui a financé le projet. Issy-les
Moulineaux en Ile-de-France se classe au premier rang national en termes d’infrastructures en réseaux, d’efficience énergétique et de plateformes interactives pour communiquer avec ses habitants, parmi les 25 smart cities que compte la France.

Sways, écolo et connecté, unique en son genre ! (DR)

La quasi-totalité des villes européennes de plus de 100 000 habitants se lance cette année dans des projets "smart" avec notamment le déploiement de nouveaux services numériques favorisant l’échange d’informations entre les pouvoirs publics et les habitants.

En 2028, 88 "smart cities" se seront déployées dans le monde. Parmi les pays les plus dynamiques, citons l’Inde qui investit 1,5 milliard de dollars en 2018 pour transformer ses villes en smart cities et rattraper son retard.
20 villes seront bientôt connectées à travers le pays.

Le BIM, outil majeur du Plan Transition Numérique dans le Bâtiment (PTNP)

François Kern (D.Rt)

Sous l’impulsion du PTNB, créé officiellement par le Gouvernement le 20 janvier 2015 et qui vise à renforcer en 2018 les compétences des professionnels du bâtiment par le développement d’outils numériques adaptés, le BIM (Building Information Modeling) a su en quelques
années s’imposer comme un outil dynamique de planification stratégique et d’optimisation opérationnelle d’un programme immobilier, de sa conception à sa livraison. Du côté du l’usager, grâce à la modélisation 3D, les futurs propriétaires peuvent par exemple géolocaliser les différents programmes proposés par les promoteurs sur une carte dynamique, les percevoir dans leur environnement urbain et naturel réel, étudier les équipements publics à proximité (commerces, école, hôpitaux, transports). Une visite virtuelle à 360 degrés leur permet de configurer leur futur logement pour mieux s’y projeter en sélectionnant parmi les différentes collections de styles proposées les ambiances et les matériaux qu’ils préfèrent et visualiser immédiatement le résultat.

Quant aux professionnels, la modélisation 3D ou maquette numérique d’un projet, leur permet de mieux organiser le travail avec des plans adaptés selon un processus collaboratif, de gagner en productivité et en efficacité sur les chantiers et d’offrir aux collectivités une projection réaliste unique de leur projet urbain. "Dans le cadre du programme "Les Fabriques" à Marseille (cf encarté ci-dessous) (plus de 200 000 m2 de bâti prévu avec logements mixtes, bureaux, commerces, services et le quartier des puces rénové ), le BIM va nous aider à favoriser la découpe des volumes de chacune des parcelles et à créer des interactions entre la formulation spatiale et les divers éléments en jeu. Il favorise une concertation fluidifiée avec les différents partenaires du projet, ce qui induit un gain de temps appréciable dans la phase de conception architecturale" confirme François Kern, architecte-urbaniste, co-directeur du cabinet Kern et Associés fondé avec Pierre-Edouard BERGER à Marseille.

Photo de Une : nous sommes bien entrés dans l’ère de la Ville connectée ! DR

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