Numérique : les Alpes-Mari

Numérique : les Alpes-Maritimes doivent savoir saisir leur chance

Notre territoire voit éclore quantité de startups mais n’est pas encore en mesure de bonnes conditions de développement. Il est temps de s’organiser..

Avec mille sept cents entreprises, 27 000 emplois et un chiffre d’affaires annuel de 5 milliards dont une bonne part à l’export, la filière numérique pèse son poids dans les Alpes-Maritimes. Mais ce secteur à fort potentiel doit encore se structurer pour rivaliser avec d’autres régions et se construire un avenir... durable sur la Côte d’Azur.
Aujourd’hui disséminées, les startups qui naissent à Sophia Antipolis, Cannes, Grasse et Nice doivent pouvoir trouver ici les moyens financiers nécessaires pour se développer.

Pour y parvenir, la Chambre de commerce et d’industrie a fait réaliser une enquête "constat" de la situation pour mieux définir les axes de développement qui permettront de passer la surmultipliée.

Les atouts du territoire sont nombreux  : présence de grandes entreprises qui entraînent de la sous-traitance. Concentration sur Sophia des fonctions R&D de haut niveau, réelle dynamique de la création d’emploi (+ 10% des effectifs de la filière en 5 ans), présence d’une université en phase avec l’innovation, cadre de vie agréable pour attirer les talents dont les entreprises ont besoin. Et surtout, éclosion de nombreuses startups qui ne demandent qu’à pousser.
Mais il y a aussi de sérieux handicaps : peu de centres dedécision implantés dans les A-M, seulement 2,1% des entreprises de la filière sont des PME (50 à 99 employés) contre 3,9% dans les Bouches-du-Rhône et plus du double en Loire-Atlantique...

La problématique du financement

Pour créer un cercle vertueux, le challenge sera donc de permettre le développement et l’accélération des startups azuréennes sur place. Actuellement, nombre d’entre- elles sont obligées de quitter la région car elles n’y trouvent pas assez de clients majeurs pour garantir un socle d’affaires assurant leur pérennité. De même, si elles se financent assez facilement sur les "petits" tours de table (jusqu’à 3M€), au delà cela devient très compliqué, d’où des départs vers d’autres cieux évidemment préjudiciables pour le tissu économique local... Et pourtant, de réelles réussites retiennent l’intérêt : projet santé Delvalle 2 à Nice, dossier 3IA, véhicule intelligent (Renault Software Lab, Bosh, Mercedes), Amadeus, Vulog, MyCoach, etc.
Autre problématique : la difficulté à recruter, car les écoles d’ingénieurs numériques ne "produisent" pas assez, et parce que nombre d’étudiants sont "aspirés" par de grands groupes dans d’autres régions.

D’où la nécessité de renforcer sur place de la formation adaptée aux besoins des entreprises azuréennes.
Enfin, l’écosystème aura tout intérêt à se regrouper pour travailler en synergie et pour gagner en lisibilité, au lieu d’éparpiller ses forces comme actuellement.
Savoir faire du numérique, c’est bien, le faire savoir est tout autant indispensable.

Jean-Pierre Savarino, Président de la CCI Nice Côte d’Azur : "se mettre en ligne"

"En nombre de créations de startups, nous sommes parmi les meilleurs.
Il faut maintenant les accompagner très fortement pour qu’elles se développent sur notre territoire car au niveau du financement il y a un décrochage. Il est primordial de se mettre en ligne dans l’intérêt général, pour une croissance homogène et équilibrée.
Cette étude de la CCI a pour objet de dresser une feuille de route."

Laurent Londeix, "Alimenter la filière"

"La spécialisation des territoires est indispensable. L’enjeu, c’est notre capacité de générer assez de ressources pour alimenter la filière. Il y a une vraie tension sur l’emploi, avec un millier de postes non pourvus. Cela impacte les PME et les startups qui risquent d’êtres confrontées à une inflation des salaires et de ne pouvoir "suivre". Il faut être capable de former plus de jeunes"..

Cédric Messina : "nous pouvons être la Silicon Valley de l’Europe"

"Très peu d’ETI (établissement de taille intermédiaire, entre 250 et
5 000 salariés ; ndlr) sont issus des startups : Il n’y a dans le 06 que sept entreprises de plus de 150 salariés dans le numérique. Elles ont un rôle de moteur sur l’écosystème. Il faut réussir maintenant à greffer autour d’elles une génération d’entrepreneurs pour créer de l’activité et de l’emploi.
Les grands groupes doivent apporter du financement aux startups du territoire pour leur permettre de se développer. Il faut aussi que nous fassions de gros efforts sur la formation, car il y a des besoins immenses qui ne sont pas pourvus. La Côte d’Azur peut devenir la Silicon Valley de l’Europe avec son université et la présence de grands groupes fertiles. Il faut réussir à faire germer des entrepreneurs locaux."

Photo de Une : Cédric Messina, PDG-fondateur MyCoach, fondateur Agence Comback, élu CCI Nice Côte d’Azur (commission numérique), Co-Président French Tech Côte d’Azur, Vice-Président #MedefComex40 (DR JMC)

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