Patronat : le contrat de

Patronat : le contrat de confiance proposé par Édouard Philippe

Alors que s’ouvrent les négociations sociales, le MEDEF et le gouvernement ont constaté une convergence de vues. Mais pas de chèque en blanc pour le Premier ministre...

Invité à l’université d’été du MEDEF à Jouy-en-Josas pour fêter les vingt ans du syndicat patronal, Édouard Philippe aurait sans doute préféré que Nicolas Hulot n’ait pas annoncé le matin même par surprise sa démission du gouvernement… Ce qui n’a pas empêché le Premier ministre de souffler les bougies du gâteau, tout en profitant de cette occasion pour faire passer quelques messages aux entrepreneurs présents.

"Réparer le pays"

Depuis l’annonce du report à octobre 2019 de la baisse des charges patronales, le chef du gouvernement se savait attendu au tournant. Surtout par les patrons des PME. Mais il n’a pas eu besoin de trop déminer le terrain et a même été applaudi à plusieurs reprises lors de sa (longue) intervention qui passait en revue les mesures déjà prises depuis son arrivée à Matignon, et celles qui seront mises prochainement en application.
"Il n’est pas trop tard pour réparer le pays" a déclaré Édouard Philippe qui a rappelé les retards et handicaps accumulés ces dernières décennies par l’économie française. Il a cité notamment le déficit commercial qui a "coûté deux points de croissance entre 2014 et 2017" et les lourdeurs administratives qui handicapent les entreprises et rebutent les investisseurs étrangers.

Mais, en réponse au discours du président du MEDEF Geoffroy Roux de Bézieux, il a préféré s’attarder sur les conditions susceptibles de relancer la machine : "La confiance dans la fiscalité", qui se traduira par la baisse de 33 % à 25 % des impôts des sociétés à l’horizon 2022. "Nous pérennisons le crédit impôt recherche et programmons pour 2019 la suppression des cotisations sociales du salarié sur les heures supplémentaires".
Le Premier ministre a aussi touché une corde sensible en évoquant la nécessaire baisse des dépenses publiques. Concernant l’assurance chômage, il a ainsi rappelé "que la période sans emploi doit toujours être la plus courte possible et qu’il doit toujours être plus intéressant de revenir vers le travail". Il a aussi souligné le dérapage du nombre des journées d’ITT qui va coûter 10 milliards cette année, soit un rythme de progression intenable de 400 millions par an. "Il faut davantage responsabiliser" a t-il prévenu. Ces derniers sujets donnent un aperçu de son état d’esprit alors que va s’ouvrir une période de négociations avec les syndicats.

Une liste de chantiers

Édouard Philippe a conclu sur des thèmes "positifs" comme sa volonté de favoriser le développement de l’intéressement et l’actionnariat salarié, en doublant le nombre de bénéficiaires dans les PME.
Il veut aussi dans les trois ans réduire les inégalités hommes/femmes en matière de responsabilité et de revenus, poursuivre la politique en faveur du travail des jeunes dans les 194 quartiers prioritaires, remettre à plat la formation continue pour qu’elle bénéficie à ceux qui sont le plus loin de l’emploi, favoriser l’apprentissage.
Une sorte de "contrat de confiance" proposé aux chefs d’entreprises, a priori bien reçu par ceux-ci.

L’université des patrons

Des "grands" et des "petits" patrons. Des dizaines de colloques, de rencontres sur la marche de l’économie française, mais aussi sur des faits sociétaux qui changent le monde et donc interrogent les entreprises.
Et un dialogue direct avec le gouvernement.
C’est tout cela les "Universités d’été" du MEDEF qui se sont tenues mardi et mercredi sur le campus de HEC à Jouy-en-Josas près de Versailles. Un cadre "studieux" pour ne pas dire austère, propice à la réflexion pour les milliers de participants venus de toute la France et… des Alpes-Maritimes en particulier.

Photo de Une : Examen réussi pour Édouard Philippe à l’Université d’été du MEDEF à laquelle participait aussi Bernard-Henri Levy. (DR JMC)

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