Pistolet à bouchon et maillot de bain républicain

 Malgré un rapport au vitriol de Jacques Toubon, alors Défenseur des Droits, la "nouvelle doctrine" du maintien de l’ordre édictée par Beauvau n’a pas été jusqu’à sacrifier les trop célèbres LBD qui ont éborgné des manifestants, provoqué la colère des associations "citoyennes" et fait que la France, volonté donneuse de leçons, a été montrée du doigt en Europe. Personne ne demandait de remplacer ces armes à l’évidence dangereuses par des pistolets à bouchon. Leur usage sera, paraît-il, mieux encadré. L’on veut bien accepter l’augure qu’il n’y aura plus de problème à l’avenir. Mais, perso, je ne parierai pas le moindre kopeck...

 Après les manifestations en jaune et les dérapages qui s’ensuivirent, le traitement judiciaire en France est, à son tour, pointé du doigt par Amnesty International qui parle "d’acharnement" dans un rapport documenté et cinglant de 56 pages. A la lecture de ce réquisitoire, une personne distraite pourrait penser qu’il décrit la situation en Corée-du-Nord. Mais non, c’est bien de nos tribunaux dont qu’il s’agit. Amnesty considère que 40 000 personnes ont été condamnées pour des infractions et délits reposant "sur la base de lois vagues", que des libertés ont été prises avec les droits de réunion et d’information pendant cette période. Il nous a pourtant semblé qu’avant le confinement le droit de réunion était respecté avec ces dizaines de milliers de manifestants rassemblés sur les ronds-points et pas toujours dispersés par les forces de l’ordre. Ainsi que celui d’information, avec le torrent continu de reportages en direct sur les chaînes télé, même quand il n’y avait pas grand chose à relater. J’ai souvenir de longs plans fixes sur des véhicules de police stationnés dans les rues de Paris et de commentaires répétitifs et sans intérêt qui prouvent, en effet, que l’information n’a pas toujours été au rendez-vous, mais que l’on ne saurait pour cela incriminer les juges ou le pouvoir...

 Nécessaire et pénible à la fois, le port du masque est globalement bien respecté dans l’espace public. Si l’on croise dans la rue des visages aux sourires cachés, il y a aussi beaucoup de quidams qui portent leur protection... sur la tête ou sous le menton pour souffler un peu de temps à autres. Le professeur Raoult affirme que c’est aussi très efficace contre les fractures en cas de chute.

 Dans sa dernière newsletter, le conseiller régional et adjoint au maire de Nice et conseiller métropolitain Pierre-Paul Leonelli suggère le port de l’uniforme à l’école. Elle est pour lui "le premier temple de la République" où, aux côtés de la liberté et de la fraternité, doit aussi s’exprimer l’égalité. égalité entre les classes sociales, entre les filles et les garçons, d’où l’uniforme qu’il préconise. Pour que, devenus adultes, nos enfants ne soient pas traumatisés par des tenues non-républicaines, on pourrait aussi obliger tout le monde à la plage porter le même maillot de bain...