Quand le Ministère de (...)

Quand le Ministère de l’intérieur s’affranchit... de la loi

Il est tout de même assez croquignolet que le Ministère de l’Intérieur se fasse taper sur les doigts par la CNIL sur les conditions de stockage des plaques d’immatriculation scannées par les radars tronçons. Que les véhicules soient en infraction ou pas, les données sont en effet collectées et stockées bien plus longtemps que prévu par la loi, et les conditions d’accès et de sécurité à cette data laisseraient largement à désirer.
Pour ces erreurs grossières, il faudrait un excellent avocat à une entreprise privée pour ne pas se faire "redresser"...
La CNIL a donc mis en demeure Beauvau de prendre toutes mesures appropriées pour garantir la sécurité des données personnelles récupérées par les radars tronçons. C’est bien le moins. Et aussi de respecter les délais prévus, quelques jours, au lieu des quelques mois pratiqués. Elle aurait pu aussi ajouter une "mise à l’épreuve"...
Fort de promesses mirifiques, le nouveau monde digital qui s’est mis en place inquiète jusqu’à ses... inventeurs.
La ville de Portland aux USA vient par exemple d’interdire toute reconnaissance faciale, considérée comme attentatoire aux libertés individuelles, et surtout dangereuse puisque les estimations sur l’efficacité du système considère la marge d’erreur à 20%.
Franchement, si un chirurgien annonçait à son patient une marge d’erreur de 20%, je ne connais pas beaucoup de gens qui se feraient opérer... À Portland donc, les caméras et appareillages devront non seulement être désinstallés de l’espace public (rues, stades, aéroport etc.) mais également des espaces privés. Quant aux applis qui identifient les gens appuyant sur l’interphone, elles devront aussi être "poubellisées". Même San Francisco, si proche de la Silicon Valley et de ses geeks inventifs, a pris des mesures restrictives sur ces technologies, c’est dire.
En France, on n’en est pas (encore ?) là, hélas. Certes la CNIL est sourcilleuse. Certes elle a retoqué Nice et la Région Sud qui entendaient installer des portiques de reconnaissance à l’entrée de lycées. Mais il faut bien constater que nous sommes de plus en plus pistés à notre insu, que nos habitudes de déplacement et de consommation sont épiées, analysées et revendues dans la plus totale opacité. Le but est connu : faire de l’argent, toujours plus, y compris et surtout par ces grands groupes internationaux qui se dispensent de payer leur impôts.
Plutôt que de foncer tête baissée vers d’hypothétiques progrès en matière de sécurité, il serait bon de réfléchir à deux fois avant de se lancer dans des systèmes à l’évidence mal maîtrisés et qui interrogent sur leurs finalités.
Après tout, j’ai bien le droit de me promener dans la rue incognito, et cet anonymat salutaire et revendiqué ne va pas me transformer en délinquant.
Science sans conscience...

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