RE2020 - Pour Patrick

RE2020 - Pour Patrick Moulard : Le secteur de la construction "va s’adapter"

Le président de la Fédération du bâtiment et des travaux publics des Alpes-Maritimes (FBTP06) met en avant les capacités d’adaptation des entreprises malgré l’empilement des contraintes.

Quelles vont-être les conséquences de la RE2020 pour les entreprises ?

- Nous allons avoir des niveaux d’exigence qui vont être plus impactants pour les entreprises avec trois grandes dates : l’individuel et le collectif en application au 1er janvier 2022, le tertiaire pour lequel on n’a pas trop de date et les bâtiments scolaires. On va construire autrement. Entre 2022 et 2025, il y aura encore une période transitoire. Le premier couperet ce sera en 2025, puisqu’on aura des objectifs de diminution d’impact carbone. Il y aura encore des objectifs de diminution en 2028 pour arriver en 2031 avec moins 30% par rapport à 2022.

Le secteur est-il prêt ?

- Comme c’est progressif, on va s’adapter. Les entreprises ont une faculté de réagir rapidement. Bien évidemment il va falloir renforcer quelques formations auprès des collaborateurs des entreprises pour que l’on puisse tenir les objectifs. Les référentiels vont être plus contraignants en un certain nombre de points qu’avec la RT2012. Il va falloir que l’on gagne 30% sur le traitement de l’enveloppe, c’est le fameux Bbio : le besoin bioclimatique du bâtiment. Nous sommes sur des éléments de conception et il va revenir aux architectes et aux bureaux d’étude thermique de calculer l’impact de la construction de leur projet afin qu’il respecte la réglementation. Il y a aussi le CEP, la consommation d’énergie primaire, qui est également calculé à la conception du projet, au dépôt du permis de construire. Il faut évidemment optimiser les consommations de chauffage, d’éclairage et la ventilation, avec des installations efficientes.

Quels sont les besoins de formation ?
- Les entreprises ont la capacité et la technique pour faire. Ce sont juste des compléments car les méthodes d’exécution sont différentes. La profession va s’organiser. Le temps passe vite mais on a encore un peu de temps.

Est-ce que la conception sera l’étape la plus importante ?

- La conception sera importante mais le chantier aussi aura son importance puisqu’il faudra qu’on mette en œuvre les matériaux qui seront choisis. Il y aura ensuite l’exploitation du bâtiment et dans la réflexion de la RE2020, on va même jusqu’à la déconstruction du bâtiment.

Est-il compliqué d’avoir recours à des matériaux biosourcés ou géosourcés ?

- On peut utiliser les matériaux innovants mais ce seront aussi des solutions mixtes : bois, acier, béton. Il y aura un tas de possibilités qui s’offriront aux concepteurs et aux exécutants. Il est important que les assurances puissent accompagner ces techniques nouvelles. C’est un point de vigilance. Il faut que les assurances suivent ces évolutions potentielles dans la construction.

Est-ce que les délais vont être allongés et les coûts plus élevés ?

- On n’a pas assez d’éléments pour pouvoir le mesurer mais il y a une vigilance parce que si les délais sont plus importants, les coûts seront plus importants, cela va avec. Mais il ne faut pas qu’on soit les seuls à supporter les surcoûts générés par tout cela.

C’est une contrainte de plus pour les entreprises ?

- Ce sont des contraintes complémentaires. Les entreprises en ont un peu marre de tout cela, que ce soit réglementaire, fiscal, administratif... On parle aujourd’hui d’un pass sanitaire en entreprise, il faut arrêter. Il y en a plus d’un qui veulent jeter l’éponge, on n’en peut plus. Malheureusement, je pense que nos dirigeants ont une vision de l’entreprise comme étant un grand groupe, avec beaucoup de capacités et de moyens.
Mais dans ce territoire, la majorité des entreprises sont des TPE-PME. Ces grandes mutations et ces impositions réglementaires pèsent sur les chefs d’entreprise.

Lire aussi : La RE2020 est-elle un "monstre" ou un "superbe challenge" ?

Photo de Une DR S.G

deconnecte