Signature grand-guignol

Signature grand-guignol : tout ça pour ça ?

Des caméras de télévision et un président qui signe sous les projecteurs, ça ne vous rappelle rien ? Non, on ne veut pas parler du locataire de la Maison Blanche dont le paraphe est aussi gros que les lettres d’un slogan publicitaire pour de la lessive, mais de celui de l’Élysée, qui a théâtralisé à souhait les trois lois importantes adoptées cet automne par le parlement : celles de la Loi de Finance 2018, celle de financement de la Sécurité Sociale et enfin celle mettant fin à la recherche et à l’exploitation des hydrocarbures sur le sol français.
Emmanuel Macron nous avait déjà "fait le coup", il y a quelques semaines, d’une signature publique lors d’une opération de communication identique, pour les ordonnances travail et pour la loi sur la sécurité qui prirent le relais de l’état d’urgence.
C’est sans doute un trait de son caractère"jupitérien" que de s’exposer ainsi pour montrer que non seulement il assume les choix, mais aussi que c’est bien lui qui dirige.
Ce genre de manifestation - caméras, signatures - est plutôt réservé à des pays dont l’autorité naturelle de l’État ne va pas forcément d’elle même et doit être rappelée à échéances régulières par ce genre de démonstration inutile et, parfois même, ridicule.
Loin de nous l’idée d’imaginer un seul instant que, sous les ors de la République et de ses palais dorés sur tranche, notre président se prenne pour ce qu’il n’est pas, à savoir un dirigeant d’opérette. Car il a la charge de près de 67 millions de personnes et de la 5ème économie du monde, ce qui est lourd de responsabilités. Mais il y a un risque réel de brouiller une image à multiplier ce genre de démonstration grand-guignolesque, version moderne de l’inauguration des chrysanthèmes...
Dans ce monde hyper médiatisé, où la couleur d’une cravate a presque autant d’importance que le fond des choses, les rieurs pourraient changer de côté. Ils s’étaient déjà moqués de François Hollande et de sa propension à faire du scooter nuitamment. De Nicolas Sarkozy pour avoir présenté Carla lors d’une sortie à Euro-Disney. Et ils ont déjà commencé à railler lorsqu’Emmanuel Macron a fêté son 40ème anniversaire à Chambord, lieu symboliquement pas très heureux dans un pays qui compte plus de trois millions de chômeurs et selon l’INSEE 14% de sa population sous le seuil de pauvreté. Plutôt que de se livrer à des signatures à la télé, ses conseillers en communication doivent maintenant convaincre le président de ne jamais au grand jamais twitter (suivez mon regard...), mais plutôt de continuer à réformer. Finalement, ce pour quoi il a été élu.
Allez, bonne année 2018 !

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