Stations de ski : La (…)

Stations de ski : La saison s’étire

Toutes les stations du département sont fermées depuis le 21 avril. Auron et Isola 2 000 ont pleinement profité des vacances de printemps grâce aux abondantes chutes de neige du mois de mars.

Les skieurs qui dévalaient les pistes d’Isola 2000 il y a encore quelques jours enchaînaient les virages en toute quiétude. « Franchement, il fait bon, la neige est excellente, il n’y a personne, qu’est-ce qu’on s’embête à venir en février ? C’est maintenant qu’il faut skier ! » Sandra a fait la route depuis Saint-Martin-Vésubie pour profiter une dernière fois du domaine. À 10 jours de la fermeture, la station azuréenne enregistrait toujours un bon enneigement avec 1,60 mètre au sommet et 39 pistes (sur 45) ouvertes. James et Sylvia, des Varois venus avec leurs deux petites filles, sont ravis : « C’est idéal cette période avec les enfants car c’est plus calme. » Cela fait deux ans que des chutes de neige abondantes surviennent en fin de saison. Cette année, après le 9 mars, près d’un mètre de neige est tombé. « Depuis deux ans, on voit le ski de printemps qui se développe. On a eu une journée incroyable jeudi 10 avril : 2 200 skieurs étaient présents sur le domaine d’Isola », se réjouit Jean-Christophe Desens, directeur général de la SEM des Cimes du Mercantour. Mais cette fréquentation reste modeste par rapport au pic d’une journée de pleine saison (7 000 skieurs). Muriel Drouart, responsable d’un magasin de location de matériel de ski, nuance un peu l’attractivité du printemps pour son activité : « On finit en beauté avec une belle neige, on a beaucoup d’Anglais qui sont venus skier, mais le problème, c’est que pendant les vacances d’avril, les gens vont plutôt à la plage parce qu’un maillot, ça coûte moins cher !  » Les stations multiplient les promotions, notamment à Isola (un forfait adulte acheté, un forfait enfant de moins de 12 ans offert), et les ventes flash sur Internet mais les habitudes sont coriaces et la majorité préfère toujours Noël et février.

Une saison « qualifiée de record »

Une saison généreuse en poudreuse dans les Alpes-Maritimes ! ©ME

« Cette année, nous avons eu un hiver très déficitaire en neige avant les grosses chutes de mars. Il a plu au-delà de 2 000 mètres d’altitude, la fin de l’automne a été très arrosée. Depuis deux ans, on observe que c’est compliqué d’avoir un début de saison avec un enneigement satisfaisant », relève Gaëtan Heymes, ingénieur météorologue-nivologue à l’antenne Météo-France de Briançon. Malgré cela, la tendance reste à une ouverture toujours précoce des domaines, début décembre. Jean-Christophe Desens explique cette stratégie commune à la plupart des stations : « Il y a une très forte attente du ski début décembre donc on ouvre. Il est nécessaire de profiter de la fenêtre de froid et du temps sec de début décembre pour constituer le manteau neigeux, soit avec de la neige naturelle soit avec de la neige de culture. » La présidente de Côte d’Azur France Tourisme, Alexandra Borchio Fontimp, résume la saison : «  Il y a eu un démarrage assez difficile, en décembre et début janvier, mais un beau rattrapage en février, et surtout lors des week-ends de mars, avec une météo clémente.  » Pour la période des vacances d’hiver, les indicateurs sont au vert : Valberg enregistre une hausse de 10 % de la fréquentation et les deux grandes stations du Mercantour sont à plus 14 % par rapport à la saison 2023-2024.

La clientèle étrangère séduite

Durant la semaine du 10 au 16 février (semaine de référence), 70 000 clients étaient présents sur les domaines skiables d’Auron et d’Isola et 600 000 passages aux remontées mécaniques ont été enregistrés. Le bilan, encore provisoire, laisse entrevoir une saison « qualifiée de record » par les principaux acteurs du tourisme de montagne. «  Dans nos stations, les trois quarts des skieurs sont des habitants de la région, mais cette année, une clientèle étrangère s’est développée un peu partout sur le massif, à Valberg, Auron et Isola : des Anglais, des Scandinaves, des Hongrois, des Serbes et des ressortissants du Benelux. Nos stations ont pris une dimension internationale, se réjouit la sénatrice. Cela veut dire que le travail que l’on mène en dehors de nos frontières paie, alors qu’on avait dit : ‘vous n’arriverez pas à attirer les étrangers car ils iront dans les grandes stations de Savoie et de Haute-Savoie’. On va continuer dans cette veine-là. »

Le modèle économique de la Colmiane

La station de moyenne montagne a fermé le 23 mars après une saison comparable à celle de l’an dernier : environ 38 000 forfaits vendus toutes catégories confondues. Le directeur Hervé Jacquot évoque une saison plus compliquée à cause du manque de neige, mais elle s’est finalement bien déroulée grâce à une nouvelle clientèle : « Cette année, on a eu beaucoup de skieurs qui n’étaient jamais venus auparavant, des étrangers venus des pays de l’Est. On reste une station familiale, favorable à l’apprentissage des enfants et dont le prix des forfaits est raisonnable. La pratique de la tyrolienne, combinée à celle du ski (Ski and Fly), attire également beaucoup les gens avides de sensations. » La station bénéficie également du plan ski du département : les écoles de la Vésubie viennent à la journée et « cela nous assure du monde sur les pistes toute la saison. » La station, de taille modeste, a rouvert le 5 avril pour basculer en mode printemps-été. La Colmiane mise sur un modèle économique quatre saisons.

Photo de Une : Isola a clôturé la saison d’hiver le 21 avril, place à la saison estivale en montagne - ©ME