Stupeur et tremblements

Stupeur et tremblements

Des tirs au fusil à pompe sur des policiers à Vaulx-en-Velin dans le Rhône. Le maire de L’Haÿ-les-Roses dans le Val de Marne attaqué à son domicile. Des centaines d’interpellations, des blessés dans les deux « camps ». Comme toujours « la réponse pénale la plus ferme  » sera évidemment apportée à ces faits inqualifiables, insupportables, qui font trembler la République.

L’état de la société française inquiète aujourd’hui car il est difficile de lire dans les nuits embrasées un quelconque message politique. Le manque de moyens dans les « banlieues » ? Mais les émeutiers font brûler leurs propres équipements de proximité, comme des écoles, des bus, des tramways, des mairies-annexes, des médiathèques… qui améliorent la vie du quotidien.
À un an des Jeux Olympiques de Paris, l’étranger regarde effaré une France qui ne s’aime plus, qui ne se parle plus, qui a pris la fâcheuse habitude de verser dans la violence… ce qui ne règle rien des problèmes, des frustrations, du mal-vivre dans ce pays de Cocagne qui s’applique à ne laisser personne sur le bord de la route, consacrant un « pognon de dingue » à la protection sociale, à la santé, à l’éducation.
Non, la misère n’est pas plus douce au soleil. Il y a peu d’endroits dans le monde qui en font autant pour, finalement, aussi peu de résultats.
L’heure est grave, il ne faut pas se le cacher. Il existe une désespérance qui s’auto-alimente sur les réseaux sociaux. Un air du temps qui fait tout voir en négatif, jusque dans les chansons qui faisaient jadis rêver et sourire (« Y’a d’la joie », « Dans la vie faut pas s’en faire ») et qui aujourd’hui véhiculent une sourde colère.

Il faut reprendre la main. Comment ? Là est la question.

Les démagogues de tous bords ne manqueront pas de se transformer en pompiers pyromanes pour exploiter une situation qui, espèrent-ils, leur rapportera le succès aux prochaines élections. Il est temps de briser cet élan mortifère avant une catastrophe…


Le directeur général des Finances publiques, Jérôme Fournel, manie avec un talent consommé l’art de la litote et de l’euphémisme. Devant les centres des Impôts, les files d’attente de propriétaires fonciers venus déclarer leurs biens et le statut de leur occupation lui ont fait dire au micro de BFM-Business que « sans doute » l’administration «  a pêché par optimisme » quant à la connaissance du public de cette nouvelle obligation qui lui est... imposée. À Nice Cadéï, l’attente se faisait sous un soleil de plomb. Christian Estrosi a proposé l’aide de la Ville en bureaux et personnels pour raccourcir le calvaire des contribuables acceptant de contribuer à cette nouvelle démarche administrative à effectuer avant le 30 juin. Devant le « succès » de l’opération, le délai de déclaration a été repoussé d’un mois.
Sans être un grand spécialiste de la spécialité, il me semble pourtant que via le cadastre, les droits de mutation, la taxe d’habitation, la taxe foncière et divers autres fichiers numériquement recoupables, Bercy est déjà au courant de nos propriétés, de qui les occupe, à quel titre, pour quel loyer éventuellement. Une connaissance sûrement fragmentaire, « façon puzzle » qu’il est plus aisé de rassembler en demandant aux propriétaires de faire eux-mêmes le travail.
La prochaine étape sera t-elle la déclaration de la couleur des rideaux et le nombre de poissons rouges dans le bocal ? Mais comme l’administration française est incomparable, le dirlo des Finances annonce que «  fin juillet, on sera à jour ».
Nous pourrons donc profiter, l’esprit libre et le cœur léger, de vacances bien méritées.

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